Gastronomie
Christian Millau, Petit Dictionnaire amoureux de la Gastronomie
Ecrit avec gourmandise, érudition et, parfois, causticité, ce dictionnaire subjectif balaie assez largement l’univers de la gastronomie. De ses plus grands chefs - Savoy, Robuchon, Guérard, Bocuse, Ducasse ou le Catalan Ferran Adria – aux arnaques à vous dégoûter d’aller manger au restaurant, des «additions folles» - un menu à 400 euros chez Marc Veyrat au Lac d’Annecy – au jambon-beurre pris au zinc d’un bistrot. Avec un arrêt sur la carte, nous fournissant quelques trucs pour ne pas être surpris par la (mauvaise) qualité du met ou par l’addition salée. Et un détour par la Belgique, «le pays étranger où l’on fait la meilleure cuisine française». Une cuisine qui s’est vue classée par l’Unesco au Patrimoine mondial immatériel de l’humanité. (Pocket)
La cuisine des écrivains
Ils ne sont pas rares les écrivains parlant cuisine dans leurs écrits. Ce recueil, puisant dans toutes les époques, réunit des recettes classées par ordre d’apparition, de la mise en bouche aux desserts. On pourra ainsi faire du lapin au roquefort, à la provençale ou berrichon à la manière de Georges Perec, une potée suivant les conseils de Marguerite Duras, préparer le «festin de Babette» à la suite de Karen Blixen ou se risquer à élaborer un andouillon des îles au porto musqué à la manière de Boris Vian. Mais en réalité, et le titre est un peu trompeur, c’est mieux que cela: l’ouvrage reprend principalement des extraits d’œuvres où il est question de nourriture. La madeleine de Proust, évidemment, mais aussi des extraits du Journal des Goncourt (avec un une nuit chez Flaubert), de L’Ecume des jours, de Boulevard et Pécuchet ou du Ventre de Paris. (10/18)
Alexandre Dumas, Mon dictionnaire de cuisine
«L’homme reçut de son estomac, en naissant, l’ordre de manger au moins trois fois par jour, pour réparer les forces que lui enlève le travail et, plus souvent encore, la paresse.» Ainsi Alexandre Dumas entame-t-il la longue préface de son volumineux Dictionnaire de cuisine écrit pour «l’homme civilisé» car «il mange par gourmandise». Chaque aliment est présenté avant de faire l’objet d’une ou plusieurs recettes. On peut ainsi saliver devant un fromage à la crème aux abricots glacés, un kari de chapon à l’indienne, un brochet à la Chambord ou des macarons aux noisettes avelines. On peut aussi y lire des considérations sur la cuisine espagnole, l’eau de vie ou la cave à vin. (10/18)
Humour
Stéphane Guillon, «Je me suis bien amusé, merci!»
De janvier 2008 à l’été 2010, les lundi, mardi et mercredi, Stéphane Guillon a tenu une chronique humoristique sur France Inter juste avant le journal de 8h. Nommé à la tête de Radio France au printemps 2009 par Sarkozy, le journaliste Jean-Luc Hees confie à Philippe Val, ancien chansonnier et directeur de Charlie Hebdo, la direction de France Inter. Après quelques mois, le duo finit par mettre l’énergumène dehors sous le prétexte d’une refonte de la matinale. Ce sont ces trente mois commencés dans l’euphorie et terminés dans le malaise que retrace Stéphane Guillon dans ce livre coécrit avec sa femme Muriel Cousin. Il y raconte notamment avec chaleur la vie d’une radio aux petites heures du jour tout en mettant en relief les collusions néfastes entre les milieux médiatiques et politiques. (Points)
Robert Benchley, L’expédition polaire à bicyclette
«L’idée de porter la bannière de Life jusqu’au pôle remplit nos hommes d’un enthousiasme et d’une détermination tels qu’il devra forcément en résulter quelque chose.» En fait d’hommes, ils sont trois, juchés sur des bicyclettes, à «décoller avec succès du trottoir situé devant les bureaux de Life au 598 Madison Avenue, New York City» pour tenter, en ce printemps 1926, de rattraper les expéditions d’Amundsen et de Byrd: le lieutenant-colonel Connelly, l’enseigne Thermaline – dont il faut rapidement remplacer le poussoir de la sonnette pour cause d’usage immodéré – et le commandant Benchley, journaliste corpulent, bon vivant et réfractaire au moindre exercice, pourtant initiateur de l’entreprise et auteur de ce journal de bord. Malgré leur bonne volonté, le trio ne franchira jamais les limites de l’Etat de New York. Pour la première fois traduit en français, ce savoureux récit, où l’on apprend notamment la recette des authentiques haricots à la tomate de Nouvelle Angleterre, est suivi de trois textes du même tonneau réunis sous le titre «La vie sportive aux Etats-Unis». (Points)
Pierre Desproges, Le Réquisitoire du Tribunal des Flagrants délires
«Français, Françaises, Belges, Belges, Mon président mon chien, Monsieur l’avocat le plus bas d’Inter, Mesdames et Messieurs les jurés, Public chéri, mon amour. Bonjour ma colère, salut ma hargne, et mon courroux… coucou.» Ceux qui, au début des années 1980, écoutaient à midi Le Tribunal des Flagrants délires animés par Claude Villers sur France Inter ne peuvent avoir oublié les mots par lesquels Pierre Desproges entamait sa harangue. Ce volume reprend l’intégrale de ses soixante réquisitoires contre Jean d’Ormesson, Jean-François Kahn, Jean-Michel Ribes, Frédéric Mitterrand, Daniel Cohn-Bendit, Yannick Noah, Reiser, Cavanna ou encore… Jean-Marie Le Pen. Pour retrouver cet humoriste caustique et, dans son genre, inégalé, mort d’un cancer en 1988, à la veille de ses 49 ans, au terme d’une carrière finalement fort brève. (Points 2)
Michel Paquot
Juin 2013
Michel Paquot est journaliste indépendant et chroniqueur littéraire