Poches pour l'été - Romans et poésie

outersJean-Luc Outers, Le voyage de Luca

Pendant quasiment huit mois, au milieu des années 1970, un couple et leur bébé traversent le continent nord-américain, de New York à la côte Ouest puis au Québec, en passant par le Mexique. Ils arpentent les déserts sous des chaleurs insoutenables, escaladent des cols en lacets, se baignent dans des lacs, découvrent des paysages fabuleux, rencontrent des animaux sauvages, etc. Ce récit enthousiasmant, qui se termine à l’embouchure du Saint-Laurent, est entrecoupé de notes plus tardives où, dans un entretien avec une thérapeute familiale, les parents cherchent dans ce voyage les causes possibles des problèmes vécus par leur fils à l’adolescence. Un grand livre à l’écriture subtile et sensible. (Babel)

 

hanotteXavier Hanotte, Les Lieux communs

hanotte-collinehanotte-injusticesAprès Manière noire, De secrètes injustices ou Derrière la colline, c’est encore la Première Guerre mondiale qui sert de cadre au roman de Xavier Hanotte. Parallèlement au récit fait par un soldat canadien de la bataille de Bellewaerde en mai 1915, nous suivons un enfant de huit ans venu avec sa tante et un groupe d’employés bruxellois passer la journée dans ce qui est devenu un parc d’attractions. Il est intrigué par un homme muni d’une pelle qu’il croise à plusieurs reprises et notamment, avant de partir, à la lisière du parking, au pied de la croix élevée en l’honneur des soldats de l’armée anglaise venus mourir sur cette terre flamande 85 ans plus tôt. Les lieux communs est un roman-miroir. Mais le miroir est déformant. La période contemporaine et festive est en effet le reflet inversé de la seconde bataille d’Ypres. Xavier Hanotte pousse jusque dans les actions et même dans le choix des mots et expressions le parallélisme entre ces deux journées. (Espace Nord)

 

woutersLiliane Wouters, Paysage flamand avec nonnes

Dès son arrivée à l’automne 1944 dans un pensionnat près d’Alost, où elle restera de 14 à 19 ans, la narratrice se lie avec deux autres filles de son âge, francophones comme elle au sein d’une population largement néerlandophone. C’est à trois qu’elles traverseront ces cinq années difficiles, souffrant de la faim, du froid, de vague à l’âme due à leur âge, d’un manque de réelle affection aussi. Mais elles ne sont pas malheureuses, leurs professeures, sœurs ou laïques, n’étant pas, dans leur majorité, d’une rigidité impitoyable. Liliane Wouters se remémore ses différentes enseignantes – dont Mlle Bolet qui écrivait des poèmes et voyait en elle «l’étoffe d’un écrivain» -, les dépeignant avec un certain amusement, ou l’abbé trop peu orthodoxe qui d’ailleurs, ne réapparut pas à la rentrée suivante. Elle se souvient également de la réquisition d’une partie des bâtiments par les militaires puis, alors que la guerre était finie, par des Écossais avec kilts et cornemuses. Ou encore du choc causé par le retour des survivants. Les bruits du monde, l’offensive Von Rundstedt, l’Armistice ou la Question royale, parviennent jusqu’en ce lieu clos, connaissant divers échos. (Espace Nord)

 

constantineBarbara Constantine, Et puis Paulette…

Un village quelque part en France. Depuis la mort de sa femme et le départ de son fils Roland avec Mireille et leurs deux enfants, Ludovic et Lucien, Ferdinand occupe seul, en compagnie du chat Chamalo, la grande ferme familiale. Il propose à sa voisine Marceline, dont la maison s’écroule, de l’héberger, chien, chat et âne compris. Vont suivre, dans ce phalanstère rural autogéré dans la bonne humeur, un vieil oncle, Guy, déprimé par son récent veuvage, puis les sœurs Lumière, plus exactement des belles-sœurs qui ont passé toute leur vie ensemble. Ce quintet vieillissant va également faire place aux nouvelles générations, accueillant une élève infirmière, Muriel, contre bons soins donnés à la doyenne du lieu. Et puis Kim, étudiant au lycée agricole, en échange de quelques menus travaux potagers. Sans oublier Paulette, évidemment, dont il ne faut pas révéler l’identité. La simple beauté de rapports humains riches d’une vraie confraternité. (Livre de Poche)

 

martinezCarole Martinez, Du domaine des Murmures

En 1187, le jour de ses noces arrangées avec le fils d’un voisin, une adolescente de 15 ans se coupe l’oreille et décide de se retirer du monde des humains pour se consacrer pleinement au Christ. Emmurée dans un petit réduit jouxtant la chapelle dédiée à Sainte-Agnès, elle ne communique avec l’extérieur que par un orifice s’ouvrant sur la nef, ce qui lui permet d’assister à la messe donnée par son frère, ainsi que via une fenestrelle par où elle reçoit un peu de nourriture. Pendant ce temps son père, inconsolable, part en Croisade. Ce roman écrit avec délicatesse du point de vue de son héroïne a reçu le Goncourt des Lycéens. (Folio)

 

jenniAlexis Jenni, L’art français de la guerre

En 1991, au moment de la Guerre du Golfe, le narrateur retourne à Lyon où il rencontre un vieux militaire qui lui apprend à peindre tout en racontant sa vie. Entrée dans la Résistance peu avant le débarquement, il a participé à la libération de la France avant de se retrouver au cœur du bourbier indochinois puis dans l’enfer algérien, condamnant la torture. Ces luttes armées sont mises en miroir avec les émeutes qui secouent les banlieues françaises dont l’une fait figure de camp retranché. Cet ample premier roman à l’écriture très maîtrisée résonne comme un aveu d’impuissance au cœur d’un monde rouge sang impossible à panser. Goncourt 2011. (Folio)


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