Dilemme : liseuse ou papier ?
Fotolia 43026961 300À l’approche des vacances, chacun d’entre nous sélectionne les livres qu’il dévorera sous le soleil. Quel auteur ne faut-il pas manquer ? Quel ouvrage mérite d’être découvert ? Désormais, on s’interroge aussi sur le support : livre papier ou ebook ?

Par rapport au livre imprimé, la liseuse offre l’avantage de la légèreté et du volume très réduit. Elle peut contenir des centaines d’ouvrages et se glisse très facilement dans une poche ou un sac à main. Les nouvelles technologies d’affichage permettent de l’utiliser autant à l’extérieur, en pleine lumière, qu’à l’intérieur. L’utilisation d’encre électronique offre une lecture proche du livre papier. Une liseuse n’est généralement pas plus grande qu’un livre de poche, mais elle est moins épaisse et plus légère, et extrêmement maniable. Elle offre des possibilités intéressantes. Le format ePub permet par exemple, d’augmenter la taille des polices de caractères. Diverses options permettent, en outre, d’accéder directement à la dernière page lue, d’annoter l’œuvre ou encore d’avoir accès à un dictionnaire, etc. L’autonomie de la batterie, proche d’un mois sans recharge, ne pose donc pas problème. Évidemment, toutes les liseuses ne bénéficient pas des mêmes apports techniques.

Fotolia 35102477 200On peut bien sûr aussi lire des ouvrages sur une tablette, même si elle n’est pas destinée principalement à cela et n’intègre donc pas les technologies particulières qui rendent la lecture confortable sur liseuse… Ou sur son téléphone portable…

L’édition numérique a débuté il y a une dizaine d’années. « Il n’y avait pas de contenu à lire et même si les technologies étaient au point, elles étaient très chères », explique Tanguy Habrand, chercheur au Département des Arts et Sciences de la Communication. Il faudra attendre que l’État français décide de venir en aide aux éditeurs francophones en intervenant à hauteur de 50 à 80 % du coût de numérisation via le Centre National du Livre, pour que cela démarre vraiment.  Désormais, les ouvrages récents sont souvent publiés presque simultanément dans les deux versions. De nombreux éditeurs comme De Boeck, Gallimard, Hachette, Actes Sud, parmi d’autres, ont désormais un secteur numérique. Dupuis a lancé une collection « Best of Humour », entièrement numérique. De nouvelles maisons d’édition se créent, qui ne passent plus du tout par le papier…

Aujourd’hui, le choix de livres numériques est immense : littérature, jeunesse, bande dessinée, essais, ouvrages scientifiques, encyclopédies, etc. On trouve des écrivains tombés dans le domaine public ou des contemporains,  d’Émile Zola à Guillaume Musso, d’Arthur Conan Doyle à Patricia Cornwell, et de Jules Verne à Delphine de Vigan. Des géants de la distribution comme Amazon (qui a développé sa propre liseuse), Google Books ou Fnac ont bien vu  leur intérêt et proposent des catalogues impressionnants d’ouvrages à télécharger. « Un des inconvénients de cette industrie numérique, regrette Tanguy Habrand, pourrait être le manque de visibilité du secteur des librairies indépendantes », librairies déjà fragilisées par la concurrence des ventes en ligne.

On trouve déjà des livres électroniques pour moins de 3 euros, d’autres coûtent 10 ou 20 euros. En général, ils sont de 10 à 30 % moins chers que leur équivalent imprimé (sauf éditions de poche), mais ils restent encore trop chers. Certaines œuvres libres de droits, cependant, sont totalement gratuites, comme celles proposées notamment par le projet Gutenberg depuis 1971.

Fotolia 42956418 400Plusieurs enquêtes1 ont été réalisées en France cette année concernant les pratiques de lecture et d’achats de livres numériques. Elles montrent notamment que l’utilisateur type est un grand lecteur (plus de 5 livres par mois), plutôt diplômé, et fan de technologies. Le grand public ne semble pas encore disposé à faire le pas, d’autant plus que l’achat d’un livre numérique n’implique pas sa propriété, comme c’est le cas d’un livre papier, que l’on peut prêter, partager avec d’autres, mais seulement une licence d’accès valable pour le seul acheteur. De plus, les difficultés techniques concernant notamment téléchargement ou le transfert des livres et la compatibilité des formats de fichiers en découragent plus d’un.

La Belgique, comme la France, cherche donc encore un peu son public. En revanche, on constate qu’aux États-Unis, le nombre de lecteurs sur liseuse a doublé entre 2009 et 2012 et que les téléchargements grimpent en flèche. Nul doute que chez nous aussi le marché est appelé à se développer dans les prochaines années.

« Mais il s’agit simplement d’usages » rappelle Tanguy Habrand. Certains types de livres papier ne résisteront probablement pas face aux avantages du numérique, comme les encyclopédies, les manuels ou les annuaires. Mais pour les autres, ce n’est pas une menace, mais bien une technique parallèle, une autre manière de lire. Quant au métier d’éditeur numérique, il ne change pas fondamentalement et garde ses dimensions humaines : « On peut toujours rencontrer l’auteur d’une œuvre, un proche peut conseiller un titre et toute une équipe travaille autour de la conception du livre. Il faut seulement faire appel à des professionnels spécifiques, car les graphistes des livres papier ne maîtrisent pas les techniques du numérique ».

Papier ou tablette pour vos vacances ? À vous de choisir. L’essentiel reste le plaisir de la lecture.

 

Margaux Leroy
Juin 2013

 

crayongris2Margaux Leroy est étudiante en 1er Master en Arts et Science de la Communication


 


1 Étude réalisée par les auteurs et éditeurs de la SOFIA, Baromètre des usages du livre numérique – vague 3 (février 2013)
Étude MOTif et Médialab de Sciences Po (mars 2013) : Pratiques de lecture et d’achat de livres numériques 

Photos : ©Scanrail (photo du haut)  et © Gianni - Fotolia