Auguste Blanqui - L’Éternité par les astres

astresAvec la réédition de L’Éternité par les astres, le lecteur contemporain découvre une grande figure du socialisme français : Auguste Blanqui (1805-1881). Surnommé « l’Enfermé » – et pour cause, puisqu’à l’instar de Sade il vécut près de la moitié de son existence dans les geôles de régimes politiques successifs –, l’homme apparaît comme un révolutionnaire impénitent. Son activisme, qui ne subit aucune relâche malgré le poids des ans, dérangea aussi bien les réactionnaires que les libéraux et les progressistes. Prônant le recours à la violence armée, Blanqui incarna pour Marx un antipode aux tendances utopistes, donc idéalistes et propres à séduire les bourgeois. Le blanquisme croit en la dictature du prolétariat et en la lutte des classes comme moteur de changement de l’histoire. En cela, il est l’un des premiers communismes à la française, dans la filiation directe de celui de Babeuf à l’époque de la Révolution. Durant son incarcération au Fort du Taureau en 1871, alors qu’il manque cruellement aux émeutiers de la Commune un leader tel que lui, Blanqui s’évade de sa cellule. Pas en en sciant les barreaux ni en soudoyant son gardien, mais en considérant la question de l’infinité de l’univers. Le texte qui en résulte est unique en son genre. Dégagé des contingences de l’époque, il apparaît comme une spéculation aux implications écrasantes.


Frédéric Saenen

Juin 2013

Auguste Blanqui, L’Éternité par les astres, Préface de Jacques Rancière, Les Impressions nouvelles, Collection « Réflexions faites », 123 pp., 13 €.

<  Précédent     I    Suivant   >

Retour à la liste des essais et documents
Retour aux Lectures pour l'été 2013