Dionne Brand - Une terre où se poser

terreDionne Brand, née en 1953 à Guayaguayare, émigre à 17 ans au Canada. Romancière, nouvelliste, essayiste, elle se définit d’abord comme poète. En tant que femme noire homosexuelle immigrée, elle accuse toutes les formes de discriminations fondées sur la race, l'orientation sexuelle, l'origine. Brand déconstruit le mythe du Canada, terre d’accueil, et s’appuie sur l’histoire et la géographie pour revisiter le mouvement de la négritude. Les Caraïbes restent très présentes dans ses textes. Parmi ses nombreux recueils de poèmes : Winter Epigrams & Epigrams to Ernesto Cardenal in Defense of Claudia (Wacaro Productions, Toronto, 1984), Chronicles of the Hostile Sun (Williams-Wallace Publishers, Stratford, 1984), No Language is Neutral (Coach House Press, Toronto, 1990). Le recueil Land To Light On (McClelland & Stewart, Toronto, 1997), récompensé par le Prix littéraire du Gouverneur général et le Prix Trillium, est traduit en français sous le titre Une Terre où se poser (Anagrammes, Perros-Guirec, 2008), traduction de Nadia d'Amélio. En 2011, Ossuaries (McClelland & Stewart, Toronto, 2010) obtient le Prix Griffin de Poésie.

Voici le premier poème, dans la traduction de Nadia D’Amelio :

Ici bien loin je suis comme un être sans drap
sans branche, pas même sûre de la mer,
sans la douceur du ciel ni les bonnes grâces d’une porte.
Si je suis paisible en ce mal-être, ce n’est pas la paix,
c’est l’habitude de la douleur. C’est la fuite, la méprise
des étendues, l’éraflure dans la veine, ainsi debout
à la porte je ne peux faire surgir le jardin,
la chaise bancale ou le chiffon sur le fil au vent,
je ne peux sentir la fumée, ce qui brûle dans un trou,
ni respirer l’air venu du loin ni entendre quelque appel.
La porte ne peut tinter ni répéter
le dehors. Mes yeux ne sont pas miroir.

Christine Pagnoulle
Juin 2013

Dionne Brand, Une terre où se poser, Anagrammes, 2008 (Trinidad/Canada)

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