Translation Workshop/ Translation of poems by John Glenday

grainJohn Glenday est né en 1952 et a grandi à Monifieth, près de Dundee. Il vit à Drumnadrochit, dans les Highlands. Après des études d’anglais à l’université d’Edinburgh, il est devenu infirmier psychiatrique, en partie pour subvenir financièrement à ses besoins. Après une belle carrière d’engagement social combiné à l’écriture, sa retraite s’ouvre sur une expérience exceptionnelle : la découverte de poètes irakiens dans ce pays ravagé. Il est l’auteur de trois recueils The Apple Ghost (Peterloo Poets 1989), Undark (Peterloo Poets 1995) and Grain (Picador 2009). The Apple Ghost a reçu le « Scottish Art Council Book Award » et ses deux autres recueils la « Poetry Book Society Recommendation ».

Grain contient principalement de courts poèmes en anglais, dont plusieurs poèmes en prose et un poème écrit en écossais. Les idées exprimées sont complexes,  les émotions suscitées profondes, mais le ton reste léger, ‘conversationnel’, l’humour surréaliste n’étant jamais bien loin. Glenday démontre un intérêt pour ce qui est évanescent, pour la fragilité même de notre existence. Le jury du Griffin Poetry prize dit de lui : « Sa poésie hautement élaborée est comme du fer forgé, forte mais délicate, avec une attention pour la sonorité et le rythme. Il est à l’écoute du langage qu’il emploie… C’est réconfortant de découvrir un poète dont le travail est enraciné, rempli de rivières et d’îles mais où les vieilles idées telles que ‘amour’ et ‘âme’ n’ont pas été bannies ».

John Glenday était présent à Liège fin 2012 lors du festival Mixed zone et de la biennale de poésie. Ses poèmes ont servi de base de travail lors de deux workshops de traduction animé par Christine Pagnoulle. Le résultat final des discussions est présenté ici.

Imagine You are Driving

Imagine you are driving
nowhere, with no one beside you;
with the empty road unravelling and ravelling
in sympathy as the wheel turns in your hands.

On either side the wheatfields go shimmering
past in an absence of birdsong, and the sky
decants the shadows of the weather from itself.
So you drive on, hopeful of a time

when the ocean will rise up before you like dusk
and you will make landfall at last -
some ancient, long-forgotten mooring,
which both of you, of course, will recognise;

though as I said before, there is no one beside you
and neither of you has anywhere to go.

Imaginez-vous en train de conduire

Imaginez-vous en train de conduire
vers nulle part, sans personne à vos côtés
sur une route vide qui file et se défile
comme le volant entre vos mains.

De chaque côté les champs de blés se fondent
en passant dans une absence de chants d’oiseaux, et le ciel
se sépare des ombres du temps.
Et donc vous continuez, dans l’espoir du moment

où l’océan va se lever devant vous comme l’aube
et vous toucherez enfin terre-
quelque ancien mouillage, oublié depuis longtemps
que tous deux, bien sûr, vous reconnaîtrez ;

même si, comme je l’ai dit, il n’y a personne à vos côtés
et qu’aucun d’entre vous n’a nulle part où aller.

A Westray Prayer

i.m. Mike and Barbara Heasman

Let us now give thanks
for these salt-blown,

wind-burned pastures
where oatgrass and timothy
shrink from the harrow of the sea

where Scotland at long last
wearies of muttering its own name;
where we may begin

to believe we have always known
what someone in his wisdom
must have meant,

when he gave us everything
and told us nothing.

 

Une prière de Westray

i.m. Mike et Barbara Heasman

Rendons maintenant grâce
pour ces pâtures battues par le sel

brûlées par le vent
où la folle avoine et la fléole
se dérobent à la herse de la mer

où l’Écosse enfin
se lasse de marmonner son propre nom
où nous pouvons commencer

à croire que nous avons toujours su
ce que quelqu’un plein de sagesse
avait pour dessein

quand il nous donna tout
et ne nous dit rien.


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