À l’occasion des fêtes de fin d’année, l’Opéra Royal de Wallonie de Liège présente un des opéras-bouffe les plus connus de Jacques Offenbach, La Belle Hélène. Empreint de légèreté et de beaucoup d’humour, cet opéra-bouffe en trois actes promet de ravir petits et grands.

Minerve (Athéna), fille de Jupiter (Zeus) ; Junon (Héra), son épouse ; et Vénus (Aphrodite), déesse de l’amour, revendiquent le titre de la plus belle déesse. Pâris, fils cadet du roi Priam de Troie, est désigné comme juge et doit remettre à la lauréate une pomme.  Les déesses tentent de soudoyer le jeune homme. Minerve lui promet la victoire par la gloire des guerriers ; Junon lui promet le pouvoir par la souveraineté sur l’Asie ; et Vénus lui promet l’amour de  la plus belle des mortelles. C’est donc à Vénus que Pâris offre le fruit de discorde. Or la plus belle des mortelles, c’était Hélène, l’épouse de Ménélas, roi de Sparte, née des amours de Jupiter et Léda, qui l’avait séduite et fécondée en prenant la forme d’un cygne.

Pâris arrive donc à Sparte, déguisé en berger.  Calchas, oracle apparaissant dans quelques récits de l’Iliade, lui apporte son aide. Pâris se fait remarquer par son intelligence avant de se présenter (« Ô ciel, l’homme à la pomme ! »). Puis, profitant d'un bref voyage du roi spartiate en Crète (organisé par Calchas), il la séduit et la persuade, par la ruse, de s'enfuir avec lui.

« la Belle-Hélène » est  une parodie du mythe. Les personnages n’ont ici rien de sérieux. Hélène et Pâris se rencontrent durant la fête d’Adonis, jeune homme d’une telle beauté qu’il fut un jour l’amant de Vénus. Hélène s’ennuie dans son mariage et a eu des aventures, mais ce n’est pas de sa faute, c’est la fatalité (« Moi qui suis la fille d’un oiseau, puis-je être autre chose qu’une cocotte ? »). Le plus jeune fils d’Agamemnon, Oreste, un jour amené à venger la mort de son père et à monter sur le trône de Mycènes, sera dépeint comme un jeune débauché. En ce qui concerne Ménélas cependant, déjà dans l’Iliade d’Homère, il est décrit comme une chiffe molle.

De la bonne humeur

On aura compris que le but de cet opéra est de faire passer un bon moment au spectateur et surtout de le faire rire. Une musique légère mais très subtile, comme le souligne le jeune chef Cyril Englebert et un livret dans lequel les choses sont dites de manière simple et drôle montrent bien que La Belle Hélène n’est pas un opéra qui se prend au sérieux.

D’ailleurs les solistes Alexise Yerna (Hélène pour la deuxième fois à l’Opéra de Liège), Florian Laconi (Pâris) et Denis d’Arcangelo (Ménélas/Bacchis) se disent ravis  de participer à ce projet. Au delà du fait d’apprécier l’œuvre d’Offenbach, ils prennent beaucoup de plaisir à jouer ensemble et souhaitent le communiquer au public. Cette bonne ambiance est renforcée par la mise en scène dynamique de Corinne et Gilles Benizo, plus connus sous leurs noms de scène Shirley et Dino. En somme, une belle façon de passer les fêtes de fin d’année dans la joie et la bonne humeur !

Après l’enlèvement d’Hélène, la guerre de Troie

Selon la tradition grecque, c'est l'enlèvement d'Hélène qui est l'origine de la guerre de Troie.

Lorsque Ménélas découvre l’enlèvement de son épouse par Pâris, prince de Troie, il part à la rencontre d’Agamemnon, son grand frère, roi de Mycènes, qui consent à la mise sur pied d’une expédition punitive contre les Troyens, pour tenter de la ramener. Ajax-le-grand, fils de Télamon, roi de Salamine, s’avéra être l’un des plus valeureux guerriers d’Achille, lui-même le plus grand des héros grecs et le plus brave des Archéens. Ajax-le-petit, fils d’Oïlée, roi de Locride, participant également à la guerre de Troie était, tout au contraire, un guerrier couard et sanguinaire. Pâris, provoqué en combat singulier, échappa de peu aux coups de Ménélas. Il perça mortellement d’une flèche le talon d’Achille, seule partie de son anatomie n’ayant pas été immergée dans le fleuve des enfers, le Styx, dont la légende raconte que toute partie du corps qui s’y trouve plongée devient invulnérable. Quant à Pâris, il succomba, blessé par une flèche de Philoctète, l’un des guerriers d’Ulysse.

Jacques Offenbach

« La belle Hélène », l’opéra-bouffe en trois actes de Jacques Offenbach, fut l’une de ses œuvres les plus célèbres. Créée à Paris au théâtre des Variétés le 17 décembre 1864, l’intrigue se déroule après le « jugement de Pâris » . L’œuvre rencontra immédiatement un grand succès, ce qui contribua à faire connaître le compositeur internationalement. La Belle Hélène est d’ailleurs considéré comme le premier opéra-bouffe, sorte d’opéra-comique (alternance entre parlé et chanté) traitant d’un sujet parodié sur un ton léger.

Jacques Offenbach (1819-1880) est à la fois un violoncelliste virtuose et un compositeur français d’origine allemande qui exerça son talent à Paris au cours de la deuxième moitié du 19^e siècle. Il porte un intérêt particulier pour l’opéra-comique mais ne reçoit pas un accueil très favorable de la part du public et de la critique dans un premier temps. De plus, jugé trop critique pour le Régime de son époque, le texte subit de nombreuses censures «  corrections ». Il faut attendre la première moitié des années 60 avec La Belle Hélène pour que le compositeur soit reconnu. Offenbach s’impose comme un des grands représentants de l’opéra-bouffe avec d’autres œuvres telles que La Vie Parisienne ou La Grande-Duchesse de Gérolstein dans lesquelles il dénonce les travers de la société sous le Second Empire. C’est à la fin de sa vie, en 1880, qu’il écrit Les Contes d’Hoffmann, un opéra fantastique inspiré de certains contes de l’écrivain E.T.A. Hoffmann, considéré comme son chef d’œuvre.

Sophie Bernard et Marjorie Léonard
Décembre 2012

Représentations du 22 au 31 décembre 2012
À l’Opéra Royal de Wallonie situé Place de l’Opéra à Liège

Pour plus d’informations : 04 221 47 22   www.operaliege.be