La Fin du Monde sera-t-elle d'origine astronomique ?

Qu'en est-il des risques pour l'avenir ?

Il n'y a, a priori, pas de raison de considérer que la Terre soit à l'abri de tels événements. Il n'est d'ailleurs pas rare que la presse annonce l'approche d'un astéroïde susceptible de percuter notre planète d'ici 10, 20 ou 30 ans. Si les scientifiques sont assez d'accord pour dire qu'un impact majeur2 aura lieu tôt ou tard, qu'il soit météoritique ou cométaire, il est par contre impossible de prédire quand cela se produira à nouveau.

En vue de répondre à la question posée ci-dessus, la Spaceguard Foundation a été créée en 1996, à l'initiative de l'Union Astronomique Internationale (UAI).  Cette fondation gère un réseau de surveillance du ciel pour détecter les objects géocroiseurs3, étudier leur trajectoire, et évaluer les risques pour la Terre. On notera aussi le projet Spacewatch, piloté par un groupe de l'Université d'Arizona (USA), qui consacre l'usage de deux télescopes (1,8 et 0.9 mètres de diamètre) à la surveillance du ciel et au suivi des géocroiseurs. Quant à la NASA (National Aeronautics and Space Administration), elle met également en place son propre programme, intitulé Near Earth Object Program, qui mobilise de nombreux moyens (techniques, financiers et humains) pour la surveillance de ces corps du système solaire qui pourraient un jour menacer notre planète, à partir d'observatoires au sol. Indépendamment des initiatives collectives menées par de grandes institutions, il faut aussi savoir que de multiples observatoires isolés, amateurs ou semi-professionnels, guettent le ciel et les menaces qu'il recèle. Actuellement, le voisinage de la Terre est surveillé avec une telle redondance que les risques de rater un astéroïde géocroiseur menaçant sont extrêmement faibles. Il faut aussi noter que tous ces programmes de surveillance communiquent continuellement leurs résultats à la communauté scientifique, ce qui permet de réhausser de manière significative le degré de fiabilité de cette surveillance. D'ici quelques années, on estime que tous les astéroïdes d'une taille supérieure à 100 mètres auront été répertoriés, et l'inventaire des objets de plus petite taille continuera à suivre son cours. Le plus gros problème concerne en fait les comètes, dont le réservoir est beaucoup plus lointain (périphérie du système solaire), et donc moins accessible à nos observatoires. Il n'est donc pas exclu que l'une d'elles puisse nous surprendre !

Échelle de Turin, adoptée lors de la 'Conference on Near-Earth Objects'
en 1999 (Turin, Italie)

Torino scale-frUne échelle de classification des risques, appelée échelle de Turin, graduée de 0 à 10, a été élaborée. Sur le diagramme ci-contre, les indices sur cette échelle sont indiqués en fonction de l'énergie cinétique de l'objet (notamment fonction de sa taille), et de la probabilité de collision, estimée sur base de l'étude de sa trajectoire. Cette trajectoire est influencée considérablement par les interactions gravitationnelles entre l'objet considéré et les astres du système solaire. Un niveau 10 sur cette échelle peut se rapprocher dangereusement de l'idée que l'on pourrait se faire de la Fin du Monde !


Les différents indices de cette échelle correspondent aux situations suivantes:

0

L'objet est trop petit pour atteindre la surface de la Terre ou bien la probabilité de collision est proche de zéro.

1

La probabilité de collision est très faible, du même ordre que celle d'une collision avec un objet non détecté.

2

La probabilité de collision est très faible mais pas nulle avec des dégats très limités en cas de collision.

3

La probabilité de collision est de l'ordre de 1% avec des dégats qui restent très localisés.

4

La probabilité de collision est de l'ordre de 1% avec dégats importants mais localisés.

5

Probabilité importante de destructions restant localisées.

6

La probabilité de catastrophe générale est grande.

7

La probabilité de catastrophe générale est très grande.

8

Collision avec destructions localisées. Probabilité: tous les 50 à 1000 ans.

9

Collision capable de détruire une partie de la surface terrestre. Probabilité: tous les 1000 à 100000 ans.

10

Collision capable de provoquer une catastrophe climatique pour toute la Terre. Probabilité: tous les 100000 ans.

Parmi les géocroiseurs récemment suivis de près par les astronomes, on notera par exemple Apophis. Il s'agit d'un astéroïde d'environ 250 mètres de long qui devrait passer à proximité de la Terre le 13 avril 2029. Alors que lors de sa détection il constituait un candidat à risque pour la Terre (son niveau d'alerte avait été porté à 4, ce qui était sans précédent),  les dernières révisions de sa trajectoire interdisent toute collision avec notre planète, et il a donc été rétrogradé à un niveau d'alerte de 0.

Notons que la première conférence mondiale sur la défense planétaire, et en particulier sur la protection vis-à-vis des astéroïdes, a eu lieu à Grenade (Espagne) en avril 2009. D'autres conférences du même type seront organisées à l'avenir, afin de rassembler scientifiques et décideurs politiques, en vue de nous préparer aux menaces d'impact qui nous guetteront dans le futur.

 


 

2 Typiquement, on considère qu'un impact est majeur si le diamètre du bolide est d'au moins 300 mètres.

3 On parlera ici essentiellement d'objets géocroiseurs (astéroïdes et comètes passant à proximité de la Terre; en anglais: NEO, Near-Earth Object), parmi lesquels on insistera sur les astéroïdes géocroiseurs (en anglais: ECA, Earth-Crossing Asteroid).


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