Cinémapocalypse

Les années 70-90 : un cinéma des effets spéciaux

Le film-catastrophe américain va, dans les années 70, se diviser en deux parties plus ou moins distinctes. La première, sous-genre aujourd’hui important, est le film de zombies : la conception est plus judéo-chrétienne (le retour des morts comme signe de l’Apocalypse) mais le principe reste le même : la fin du monde et de l’espèce humaine. Dans cette veine, George Romero va s’illustrer en devenant le père spirituel et esthétique du genre, et dont le Zombie de 1978 reste le chef-d’œuvre tant par sa forme gore et aboutie que par son propos (une critique de la société de consommation). L’autre veine, plus pure, est le film-catastrophe à grand spectacle et au casting 5 étoiles. Avec les progrès techniques (pyrotechniques, maquettes, animatroniques et cascades), les films américains vont aller de plus en plus loin dans l’esthétique de la destruction : c’est le règne de John Guillermin (La tour infernale en 1974 et le retour de King Kong en 1976) mais aussi de films comme L’aventure du Poséidon (Ronald Reame, 1972) et L’inévitable catastrophe en 1978, où des abeilles tueuses déciment la population à vitesse grand V. À noter que le film est réalisé par Irwin Allen, producteur notamment de L’aventure du Poséidon et La tour infernale mais aussi d’autres films-catastrophes comme Le jour de la fin du monde en 1980.

4 - Mad Max 2 - paysage désertique, solitude, survieDans les années 80, alors que la Guerre Froide connaît ses dernières heures, le cinéma décide malgré tout d’illustrer la vie non plus apocalyptique mais post-apocalyptique : c’est l’heure du Dernier survivant de Geoff Murphy, de New York 1997 de John Carpenter, de séquences baroques dans le premier Terminator de James Cameron mais surtout de deux œuvres majeures, qui vont façonner l’avenir des films liés à l’apocalypse : Mad Max 2 et son futur désertique, aux confins de la littérature SF, de la BD et du film d’horreur (George Miller, 1981) (photo ci-contre) et Akira, de Katsuhiro Otomo (1988) qui va influencer toute une génération de cinéastes passionnée par la cybernétique et l’urbain néo-noir, James Cameron en tête. Sans oublier, pour l’anecdote, le Big Bang de Picha (1984), rare film d’animation occidental (avec Les sorciers de la guerre de Ralph Bakshi en 1977) à parler d’un monde postapocalyptique à l’époque.

Avec le perfectionnement croissant du numérique, le film-catastrophe pur va revenir sur le devant de la scène dans les années 90 : c’est la grande mode des cataclysmes naturels (Volcano de Mick Jackson, 1997 ; Twister, Jan De Bont, 1996 ; En pleine tempête de Wolfgang Petersen, 2000) et, surtout, en l’absence d’ennemis politiques, le grand retour de la planète en danger : Armaggedon (Michael Bay) et Deep Impact (Mimi Leder) se feront la guerre du box-office en 1998. C’est enfin et surtout la naissance populaire du cinéaste-phare du film-catastrophe : Roland Emmerich. Révélé par Stargate en 1994, le cinéaste allemand commence sa prodigieuse (même si critiquable) carrière de blockbuster en 1996 avec Independance Day, remake semi-avoué de la Guerre des mondes, où Emmerich met en place son esthétique de la destruction à grande échelle (New York et Washington sont rayés de la carte) qu’il confirmera avec son remake de Godzilla en 1998. Conspué par la critique mais abondamment suivi par le public (l’ensemble de ses films a rapporté plus de 3 milliards de dollars à travers le monde), Roland Emmerich est surtout essentiel dans ce qu’il a poussé à son maximum (au détriment, il est vrai, de toute vraisemblance) l’usage des effets spéciaux dans le spectacle de destruction de masse. L’événement majeur du début du 21e siècle devait alimenter davantage son imaginaire hollywoodien.

5 - Armaggedon et Deep Impact - deux films, un même résultat

Armaggedon et Deep Impact - deux films, un même résultat

Page : précédente 1 2 3 suivante