Une recherche de bonheur ou de salut

A priori, les motivations des membres se centrent sur la recherche d’une vie spirituelle, avec un absolu ou non, et laissent entrevoir une espérance de vie avec de nouveaux repères religieux. Parmi les autres raisons qui poussent les personnes à s’engager dans une secte, on peut noter : le désir de ressentir une chaleur humaine, d’être reconnues et apaisées face à l’angoisse ou aux questions existentielles, mais aussi parfois la volonté d’expériences originales. Sans le savoir, cette quête se fera au détriment d’une liberté de pensée individuelle, voire d’une perte d’identité, car les sectes manipulent les peurs et recourent à des arguments simplistes. Elles opposent ainsi le bien (la secte, le gourou, la recherche et la mise en commun, la rupture sociale, l’élu…) au mal (le reste de la société, les policiers, la famille qui tente de récupérer un de ses membres,…). Marqués par la fragilité de notre époque, avec ses catastrophes climatiques, ses crises économiques et financières, les adeptes intègrent la croyance en des scénarios improbables au plan personnel, social et universel.

Exprimant les recherches et peurs modernes, le « New Age » retient l’attention de nombreuses personnes : plus de 10% des questions adressées en 2007-2008 au Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) concernaient déjà ce groupe et elles sont encore bien plus nombreuses à l’approche du 21.12.2012, jour de la fin du monde selon une lecture erronée du calendrier maya. En vogue aujourd’hui, le New Age constitue une sorte de syncrétisme des religions et un amalgame de théories insistant sur la transformation de la conscience et l’interconnexion des réalités de l’univers… lesquels conduisent naturellement ses adeptes à s’engager dans une démarche visant le bonheur ou à quitter – et parfois détruire – ce monde hostile pour entrer dans « l’ère du verseau »…

D’autres, millénaristes ou messianistes, attendent davantage l’aide divine pour changer le monde, être élus et recevoir leur récompense. C’est le cas par exemple des Témoins de Jéhovah qui avaient prophétisé la fin du monde en 1914, 1925, 1975 et qui ont renoncé à donner une date précise pour les 144.000 élus. C’est le cas des Raëliens qui attendent le salut apporté par les Elohims.

La fin du monde, sauf pour les élus

L’apocalypse, mot d’origine grecque qui signifie « révélation de vérités cachées » ou « dévoilement », renvoie plutôt à l’idée de l’imminence de la fin du monde, à la destruction partielle ou totale de la Terre et de ses habitants, à l’issue d’un cataclysme mondial. Symboliquement, le dévoilement pourrait se comprendre aussi comme l’espérance d’un salut et d’une victoire finale sur le mal (comme dans l’Apocalypse de Jean). La majorité des groupes évoque non pas la fin « du » monde  mais plutôt « d’un » monde et l’entrée dans une nouvelle ère d’amour : le but recherché est l’instauration d’une « Civilisation Planétaire idéale » (Marylin Ferguson)⁴.

La conscience de sa nature mortelle conduit l’homme à réduire au silence cette angoisse d’une vie qui s’arrêtera un jour, à la neutraliser par des promesses d’un bonheur futur, grâce à des extra-terrestres venus sauver des élus. C’est ce qu’enseigne le groupe ufologique « Heaven’s Gate » ou les adeptes d’Ashtar Sheran, afin de permettre à l’humanité de survivre ! Subtilement cependant, leurs gourous prennent la précaution de préciser que « ce grand événement pourrait être reporté à une date ultérieure à la dernière minute… En ce bas monde rien n’est jamais sûr à 100 % ! »⁵.

Pour d’autres, davantage préoccupés d’argent que de pouvoir, certains lieux seront épargnés : ainsi Bugarach, petit village de moins de 200 habitants dans l’Aude, où des bunkers sont construits et où les touristes et les journalistes affluent en nombre⁶. Des kits de survie sont également détaillés et doivent être prévus pour quelques mois après la catastrophe, mais la vraie catastrophe ne sera-t-elle pas celle vécue par les personnes crédules et ruinées ?

Le témoignage d’une ancienne adepte est assez édifiant. Sous l’emprise du gourou, les membres de sa secte ont creusé des puits et des galeries dans un endroit très isolé sur les hauteurs de Bugarach, pendant 18 mois, pour en faire leur abri le moment venu (là où, selon « le père », sont cachés l’Arche d’Alliance des Templiers, le Saint Graal et l’or des Cathares). Les adeptes, vêtus de treillis et armés, montaient la garde jour et nuit contre d’imaginaires ennemis...