Esquisse d’une histoire de la sidérurgie au Pays de Liège

Bref aperçu de l'histoire de la sidérurgie à Liège, du 12e siècle à nos jours...

Le Pays de Liège abondait autrefois en minerai de fer. Dès l’époque romaine, et même avant, on produisait le métal au procédé direct. Dans un simple trou creusé dans le sol, on mélangeait le minerai et le charbon de bois, on mettait à feu et on injectait de l’air avec un soufflet. De ce bas fourneau, on extrayait une loupe de fer spongieux qu’il fallait marteler.

Au 12e siècle, la redécouverte de l’arbre à cames permet de mécaniser le martelage : une roue hydraulique faisait tourner l’arbre à cames qui soulevait le marteau. Le même mécanisme fut ensuite appliqué à la soufflerie. On fit construire des fourneaux de plus grande dimension et on passa peu à peu du bas fourneau au haut-fourneau. Celui-ci apparaît en Scandinavie au 12e siècle, se diffuse en Lotharingie au 13e siècle et est bien attesté dans nos régions vers 1320.

Le haut-fourneau produit du fer à l’état liquide, c’est la fonte. La fonte peut être utilisée pour toutes les œuvres de fonderies, c’est le bronze du pauvre dont on fait des taques de cheminées et de chenets. Mais la fonte est cassante, car elle contient trop de carbone. Il faut la décarburer pour la transformer en fer.

Maka © MMIL

MakaLa « méthode wallonne » qui se généralise à partir de la fin du 15e siècle, consiste à « brûler » la fonte dans la flamme oxydante d’un foyer d’affinage. On obtient du fer, que l’on peut marteler au maka (martinet hydraulique – voir photo ci-contre), aplatir à la platinerie ou découper en baguettes à la fenderie.

Tels sont les composants des grands complexes usiniers qui se constituent dès le 16e siècle le long des affluents de la Meuse. Solidaire de la naissance du capitalisme moderne, la sidérurgie fera la fortune du Pays de Liège jusqu’au 18e siècle et se diffusera en Suède, en Allemagne, en Espagne et en France. Mais elle est tributaire du débit des rivières et la fabrication du charbon de bois dévaste les forêts.

Dès le 17e siècle, on essaya d’employer dans les hauts-fourneaux le charbon de terre en le débarrassant des matières volatiles qui altèrent la fonte, mais ce n’est qu’au 18e siècle qu’un transfert de technologie venu d’Angleterre introduisit la transformation du charbon en coke. Les hauts-fourneaux au coke remplacent peu à peu les hauts-fourneaux au bois. Les richesses charbonnières du sous-sol liégeois furent mises à profit tandis qu’une nouvelle énergie, la machine à vapeur mécanisait la soufflerie et le mécanisme de transformation. La fonte était transformée en fer par puddlage (brassage) et le fer produit était soit forgé au marteau pilon soit laminé en tôles (produits plats) ou en barres (produits longs), c’est l’époque où Cockerill, Lamarche, Orban, Behr créent « sur le charbon » des sociétés qui deviendront Cockerill-Sambre, Ougrée-Marihaye, Angleur-Athus, Espérance-Longdoz. Familiales à l’origine, ces entreprises deviendront rapidement des sociétés anonymes, où le poids des banques est prépondérant.

Cockerill milieu 19esiècleCockerill vers le milieu du 19e siècle

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