Paul van Hoeydonck, l’archéologue du futur
City-of-the-future-1960 Little city of the future 1961
City of the future, 1960 - Little City of the future, 1961

L’on peut considérer l’année 1961 comme une année-clé dans la biographie de l’artiste. Au début de l’année, en effet, il remplissait trois grandes salles du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le long de la rue Royale, de ses lightworks et de quelques Villes de l’Avenir, nées dès 1959 mais qui n’arrivaient qu’alors à leur plein épanouissement. Les œuvres étaient conçues comme des bas-reliefs construits avec des clous, des fils, des crochets, répartis au hasard sur l’ensemble de la surface, le tout dans une tonalité uniforme noire ou blanche. Et une fois de plus, ici aussi, l’intervention de la lumière est indispensable pour pouvoir éprouver la spatialité.

Bonhomme1960Après cette grande exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, il eut droit à une exposition individuelle à la Galerie Iris Clert à Paris, exposition qui devait déboucher sur une première vente au Museum of Modern Art de New York.

La même année toujours, il franchit pour la première fois l’océan pour se rendre personnellement à New York. Il abandonna complètement sa profession accessoire de représentant d’Esso au port d’Anvers pour se consacrer entièrement à son art.

Entre 1960 et 1963, l’œuvre de Van Hoeydonck évolua très rapidement, l’artiste puisant à pleines mains dans les ready-mades. C’est ainsi qu’après les Boîtes à monocles, si raffinées et si ironiques, il créa les Bonshommes faits de blocs de bois et d’objets en fer mal dégrossis. Il s’agit de créatures robotiques qui évoquent des humanoïdes, préfiguration de son futur Homo Spatiens.

Bonhomme, 1960

Inhabited-planet1962Presque simultanément devaient  paraître les Planètes inhabitées, œuvres dans lesquelles l’artiste fait naître des volcans et des cratères par un procédé qui rappelle celui de la nature : des réactions chimiques provoquées par la peinture synthétique. En opposition avec les œuvres blanches, prédominent  dans ces nouvelles œuvres les couleurs criardes. En fonction de la représentation, Van Hoeydonck aura recours plus tard, surtout pour ses tableaux, à des couleurs très fortes, encore que le blanc garde toujours la primauté dans ses créations.

Inhabitated planet, 1962

Si, comme nous l’avons dit, 1961 représente une année-clé dans la carrière de Van Hoeydonck, cette même année 1961 devait également constituer un jalon dans l’histoire de l’humanité. C’est cette année-là en effet que fut commencée la conquête de l’espace avec les premiers vols habités exécutés par Gagarin, Sheppard et Titov. Ces premiers vols dans l’espace ont été beaucoup plus encore qu’un événement révolutionnaire d’une importance mondiale, ils ont été aussi le début d’une ère nouvelle. Van Hoeydonck voit son rêve enthousiaste devenir réalité. Outre ses Planètes inhabitées si passionnantes, naissent également ses premières Villes futuristes. Un silence immobile et blanc plane sur ces villes encore à découvrir. Plus tard, en 1964, Van Hoeydonck les peuplera d’une nouvelle race qu’il baptisera Mutants.

Tout en construisant ces Villes du futur, Van Hoeydonck travailla également  à la réalisation de Planetscapes. Des sphères plus grandes et plus petites sont semées au hasard sur une surface et blanchies au pistolet. Ces Planetscapes sont autant de visions impressionnantes de notre système solaire.

ring of giants1974Les idées d’espace de Van Hoeydonck sont toujours empreintes de romantisme. Il a d’ailleurs parlé lui-même de « romantic space engagement ». C’est cette sensibilité romantique qui peut être qualifiée de prophétique : son histoire plastique de science-fiction préfigure la réalité, réalité qui redevient science-fiction, nouvelle réalité de demain ? « Le temps de la planète Terre est révolu, dit-il, il y a d’autres planètes. Qui oserait prétendre qu’il n’y a pas de vie sur les autres planètes ? Bientôt, nous vivrons sur la lune. Notre époque est la nouvelle Renaissance … »

Spaceboys, 1964

En 1964 il va dès lors lier sa space-art story à ce qu’il nomme lui-même son histoire de l’exploration de l’espace. Le silence du Cosmos a été perturbé par l’intervention de l’homme. C’est alors que débute pour Van Hoeydonck une période d’une créativité intense, l’artiste maintenant en permanence cette relation entre le passé et l’avenir, entre l’histoire de l’Antiquité et l’exploration de l’espace. C’est l’affirmation de l’existence de l’Homo Spatiens !

spaceaccident1964space accident1963Que la conquête de l’espace allait demander également des sacrifices, était pour Van Hoeydonck une évidence. C’est pourquoi il composa, dès 1963, des œuvres portant le titre de Space Accident. Le premier accident de l’espace ne devait se produire que quatre années plus tard, en 1967.

Space accident, 1964
Space accident, 1963

Van Hoeydonck vit dans l’espace. En même temps il éprouve une admiration profonde pour tout ce que les développements technologiques ont apporté à l’homme et il considère cela comme vital pour assurer la survie de notre race humaine. C’est le progrès technocratique en effet qui a permis de partir à la conquête de l’espace. Il est incontestable qu’à l’époque Van Hoeydonck  était optimiste, en l’interprétant comme un élément positif qui nous offrirait la possibilité d’émigrer et de trouver par la colonisation de l’espace une solution au surpeuplement, ce qui aurait permis, par la même occasion d’éliminer les guerres.


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