En quête de signatures de vie…

Comment utiliser notre expérience de la vie sur la Terre, la seule planète biologique connue à ce jour, pour déterminer si une planète ou une lune est habitable, et pour y rechercher de la vie, sur Mars par exemple ? Mars a un paysage sculpté par les cratères de météorites et le vent, mais aussi par d’anciennes rivières et lacs. Les missions martiennes récentes de l’ESA et de la NASA (orbiteurs, rovers) ont permis de mieux comprendre l’histoire géologique de Mars, mettant en évidence des périodes de temps durant lesquelles la planète, maintenant rouge et baignée de radiations intenses, a pu être « habitable ».

fig5Curiosity a pour mission de déterminer si Mars a été habitable et si elle peut préserver des traces de vie fossile, mais aussi d’étudier les conditions environnementales actuelles en vue de futures missions humaines. Curiosity travaille donc comme un robot géologue, cherchant d’abord des indices dans les roches du cratère Gale pour déterminer si ces roches sont bien d’anciens sédiments déposés dans de l’eau, dans des conditions possibles pour l’apparition de la vie, et si elles préservent des molécules organiques et signaux chimiques d’origine non-biologique (météoritique) et biologique.

Figure 5: couches de roches sédimentaires étudiées par Curiosity dans le cratère Gale, Mars, le 27/08/2012
© NASA/JPL-Caltech/MSSS

La prochaine rover de l’ESA, Exomars, sera équipée d’un drill permettant d’étudier des échantillons sous la surface et donc mieux protégés des radiations destructrices. D’ici quelques décennies, des échantillons martiens seront ramenés sur Terre, puis l’Homme marchera peut-être sur Mars pour y chercher des traces de vie, aidé de robots. D’autres missions examineront Titan, une lune de Saturne à l’atmosphère épaisse de méthane, et Europe, une lune glacée de Jupiter qui cache un océan.

Déterminer l’habitabilité des exoplanètes est autrement plus difficile, car on ne peut que les observer de loin et bientôt sonder leur atmosphère à la recherche d’éventuelles biosignatures. C’est un des sujets de recherche passionnants du LiSRI, le nouvel Institut de Recherche Spatiale de Liège, qui combine l’expertise d’astrophysiciens, géophysiciens, géologues, biologistes, et ingénieurs pour étudier et explorer l’univers.

Le présent et le futur proche sont donc riches de recherches exaltantes et d'explorations, dans le temps et dans l'espace, qu'il y ait de la vie ailleurs ou pas ! Voilà de magnifiques défis pour la science et l'occasion de nouvelles passions et vocations pour les jeunes et moins jeunes !

 

Emmanuelle Javaux
Août 2012

crayongris2Emmanuelle Javaux enseigne la micropaléontologie, la géologie et l'astrobiologie à l'ULg. Ses recherches portent sur l'évolution de la vie sur la Terre primitive, et l'habitabilité et les biosignatures des systèmes planétaires.

 

Voir aussi son Parcours Chercheur sur Reflexions



 

Voir aussi, nortamment :
Javaux EJ (2008) Évolution de la biosphère au Précambrien et implications pour l’astrobiologie. Bulletin de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Sciences.Tome XVIII (1-6) 39 p.

Gargaud, M., Amils, R., Cernichicaro, Cleaves, J., Pinti, D., Viso, M., Albarede, F., Arndt, N., Javaux, E., Prantzos, Stahler, Raymond, Rouan, Ehrenfreund, Charnley, Spohn, Encrenaz, Latham, Kaltenegger, Kobayashi, Horneck, Bersini, Gomez, & Tirard (Eds.). (2011). ENCYCLOPEDIA OF ASTROBIOLOGY. Springer.1600 p

Botta O., Javaux EJ, Summons R, Rosing M, Bada J, Gomez Elvira J, and Selsis F. (editors) (2008) "Strategies for life detection” ISSI Space Science serie. Springer-Verlag.  380 p.

 


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