La science-fiction spatiale (space opera) : panorama d’un genre

Hard science et futuribles

odysséetrilogieUne dernière voie empruntée par le space opera mérite d’être signalée, à la suite de l’essoufflement des années 1950 : il va mobiliser les thèmes de la hard science, ou science-fiction à vocation réaliste. Fondée sur le réalisme des hypothèses scientifiques, elle incarne profondément le courant « what if » d’une certaine veine spéculative. Posant un ensemble restreint de postulats vraisemblables, ces récits proposent une série d’hypothèses logiques qui s’appuient sur l’état de la science contemporaine à l’écrivain. Des auteurs classiques de SF, comme Arthur C. Clarke avec 2001, Odyssée de l’espace, ou Rendez-vous avec Rama, appartiennent à des degrés divers à ce courant. Parmi les contemporains, Kim Stanley Robinson et sa trilogie martienne (Mars la Rouge, Mars la Bleue, Mars la Verte) en est l’un des meilleurs représentants. Fortement documentés, ces romans renouent parfois avec une certaine forme de didactisme à la Jules Verne. Ils suggèrent néanmoins des pistes stimulantes pour le développement des technologies de l’espace, que ce soit par exemple l’ascenseur spatial ou la terraformation.

La hard science est fondée en partie sur des expériences de pensée, à la manière de la physique théorique. Ces expériences permettent d’envisager les conséquences d’hypothèses taboues ou moins communément partagées que d’autres. Par exemple, si la terraformation (c’est-à-dire l’adaptation de l’écosystème d’une planète aux conditions de vie humaines) est souvent présentée comme la solution pour l’installation de l’homme sur une autre planète, certains auteurs ont pu imaginer la pantropie, c’est-à-dire la transformation des humains pour s’adapter à d’autres environnements (voir par exemple James Blish, Semailles humaines, 1957).

 

Avec ces quelques jalons, on constate que la science-fiction spatiale a su se renouveler, en adaptant ses codes à l’évolution de la société. Elle reste cependant tout au long de son histoire un prisme réfractant le regard que notre société porte sur l’Autre et l’Ailleurs. En cela, la réduire à la guerre dans l’espace reviendrait à réduire l’histoire du vingtième siècle à l’entre-deux-guerres.

Space opera francophone

Ce bref tour d’horizon, partiel et partial, concerne uniquement des auteurs de langue anglaise. Le space opera français (ou francophone) existe pourtant, bien qu’il soit moins visible. On se reportera avec intérêt à cette page pour en avoir un panorama historique.

 

Björn-Olav Dozo
Août 2012

 

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Björn-Olav Dozo est chargé de recherches du F.R.S.-FNRS et rattaché au Centre d'étude de la littérature francophone de Belgique, à l'ULg. Ses recherches s'inscrivent dans le domaine des humanités numériques. Il enseigne notamment les genres paralittéraires.

Voir aussi son Parcours chercheur sur Reflexions

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