Figures de la Vierge dans le Trésor de la Cathédrale
vierge pirenne

Le 27 mars dernier, le Trésor de la Cathédrale ouvrait à nouveau ses portes au public après plusieurs mois de travaux. Opération de grande envergure, la restructuration du lieu invite le visiteur dans un parcours muséal se clôturant par la nouvelle salle de l'aile Ouest, spectaculaire écrin de poutres et de béton pour le buste-reliquaire de saint Lambert. Si cette pièce fameuse est le point d'orgue qui prolonge le plaisir du visiteur, les salles qui précèdent dévoilent d'autres richesses des collections du Trésor. Parmi celles-ci, l'on remarquera plusieurs représentations de la Vierge.

L'intérêt du Trésor pour la figure de Marie est manifeste. Du 14 août au 26 octobre dernier, quelque 75 statues ont été présentées lors de l'exposition « Nostre-Dame », panorama assez vaste de la sculpture mariale liégeoise entre le XIe siècle et la fin de l'Ancien Régime1. Ces pièces sont désormais retournées dans leurs collections d'origine mais il reste aujourd'hui au Trésor un groupe important d'œuvres mariales, datant pour la plupart d'une large époque médiévale. La variété des pièces actuellement exposées attirera l'attention de celui qu'intéressent les approches formelles et techniques de l'image. Ces différentes œuvres dévoilent les déplacements et évolutions dans la manière de représenter la Vierge.

Matériaux, drapés, déhanchements, polychromies... les formulations stylistiques et iconographiques sont multiples et rappellent le caractère polymorphe et éminemment historique de la figuration mariale. On soulignera d'ailleurs la collaboration du Trésor avec le Centre Européen d'Archéométrie de l'Université de Liège pour ce qui concerne l'analyse matérielle de ces statues et particulièrement le travail mené sur la Vierge en laiton de Limbourg exposée dans la salle dite « de l'archidiacre ».

Photo : Vierge à l’Enfant, ca. 1270. Collection Pirenne

 

 
vierge limbourg
 
vierge encrier
Vierge de Limbourg, fin Moyen Age. Laiton, 75 cm
Vierge à l'encrier de Chèvremont - XVe siècle
(avec l'aimable autorisation des Éditions du Perron)

Cette importante présence mariale dans l'élégante muséographie du Trésor mettra par ailleurs au défi l'historien du fait religieux venu y flâner... Celui de faire fi de la nature désincarnée d'une pièce de musée, séparée de son contexte cultuel et dévotionnel, pour se souvenir que l'image sacrée doit aussi être appréhendée non pour ce qu'elle donne à voir mais pour ce à quoi elle sert. Cette image, liée à une pratique et à des gestes, n'est jamais représentation pure déconnectée du réel. Portée, voilée, ointe, parfois même habillée (et déshabillée), toujours implorée, la statue religieuse - et notamment la statue mariale - est avant tout un objet destiné à être régulièrement sinon manipulé, à tout le moins mobilisé.

 




 1Philippe George, Julien Maquet et Françoise Pirenne, Nostre-Dame. Les plus belles statues de la Vierge en pays de Liège (XIe-XVIIIe siècle), Liège, Éditions du Perron, 2008

 

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