Jean-Claude Pirotte, Revermont


(Le Temps qu'il fait, 101 p.), octobre 2008
revermont

À près de 70 ans, Jean-Claude Pirotte publie ces derniers mois plusieurs recueils de haute tenue.

De son propre aveu, sa poésie toute de vers souples sur des thèmes graves partage bien des tonalités avec une ou plusieurs lignées de poètes du XIXe et du XXe siècle, qui, sans être toujours les plus célébrés ou les plus encensés par la modernité - certains sont de vrais poètes maudits - constituent sa véritable famille poétique. Sans doute, à l'origine, Nerval, Verlaine et Apollinaire, et comme « frère » le plus proche, Henri Thomas, maintes fois évoqué.

C'est d'abord une musique, celle du vers qui souvent tourne autour de la mesure de huit syllabes ; un sens de l'équilibre du vers et de sa caducité, de son mouvement et de sa pause :

rien de ce je crois
posséder ne m'appartient
novembre touche à sa fin
longues nuits jours étroits

Et ceci, Verlaine, n'est-ce pas ? d'une gravité un peu plus appuyée.

les ombres longues
des toits comtois
se déplacent

très lentement
à l'heure où l'on
perd ma trace

et dans les combes
on voit que passent
les colombes

au fil du temps
moi je n'attends
qu'une tombe

ultime toit
de terre où la
mort me glace

La vie, l'âge et la mort hantent ces poèmes, entre confidence et testament, dont ni l'humour ni la légèreté ne sont pourtant absents : ce n'est pas assez dire / que je suis seul et nu / en vérité c'est le bonheur / d'affronter l'inconnu.

Pirotte touche sans y toucher, appuie sans être dupe, feinte mais ne feint pas.

Dans cette thématique à la fois vitale et austère, il conjoint la distance de fantaisistes et l'existentialisme des plus grands.

Il peut aussi donner libre cours à une dynamique plus cursive, quasi fatrasique, comme dans le poème Avoir été, paru au Taillis Pré en avril 2008. Signalons aussi Le Passage des ombres (La Table ronde, avril 2008) et, à paraître incessamment, Le promenoir magique et autres poèmes 1953-2003 (poèmes inédits).

http://pagesperso-orange.fr/marincazaou/cont/pirotte/

Gérald Purnelle
Avril 2009

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Gérald Purnelle est docteur en Philosophie et lettres, philologue classique de formation. Ses recherches actuelles à l'ULg ont pour principal objet la métrique, l'histoire des formes poétiques et la poésie française des XIXe et XXe siècles.