La leçon d’anatomie. 500 ans d’histoire de la médecine

Pour d’autres, le traitement du corps est une préoccupation plus aléatoire, inspirée parfois de leur propre expérience du monde médical. Les photographies de Patrice Gaillet (1947-2001), par exemple, illustrent différents aspects de son vécu de la maladie.

L’œuvre de Sofie Vangor (1981) évoque presque sans détour certains éléments biographiques de son parcours, sensibles et souvent douloureux. Ses créations constituent une approche délicate et profonde des méandres du corps humain dans sa valse tour à tour puissante et fragile entre la vie et la mort. Le fait de donner naissance à deux enfants prématurés a notamment été la source d’inspiration d’une série de photographies et de gravures évoquant la lutte de la jeune maman pour garder ses enfants en vie : l’expérience de nonante jours de « peau à peau », technique de soin basée sur la chaleur et le contact des corps (les bébés sont maintenus contre le torse de leur parent), a été retranscrite dans des carnets qui ont servi de base à son travail. 

Gaillet Sofie Vangor

Patrice Gaillet, Départ en ambulance, de la série À l’hôpital, s. d. Photographie N/B - Sofie Vangor, 4 novembre, 2014. Pointe sèche.
 

Il faut aussi mentionner – entre beaucoup d’autres – les œuvres de Jacques Lizène et Wim Delvoye pour qui les techniques contemporaines utilisées par la médecine ont été des sujets d’inspiration. La vidéographie est également présente dans cette partie de l’exposition par l’entremise des œuvres de Eric Duyckaerts et Ronald Dagonnier.

 

Confrontation entre art abstrait et image médicale : le surprenant écho des couleurs et des formes

pierre-alechinsky-c-ville-de-liegePlus inattendue, l’association d’œuvres contemporaines planti-bodies-cmjnavec des photographies scientifiques dans cette partie de l’exposition met en évidence une parenté de mouvement, de couleurs ou de formes. Ainsi, aux peintures de Pierre Alechinsky influencées par la calligraphie japonaise et privilégiant des procédés d’exécution fluides (encre, acrylique,…) répondent, dans la circularité des formes et la finesse des traits, les coupes transversales de matières organiques, comme celle de cette plante de tabac.

Les végétaux, leur structure graphique, leurs couleurs ont marqué la peinture de Jean-Pierre Ransonnet : le dynamisme des lignes repérable dans les paysages sylvestres entre naturellement en résonnance avec les droites et les courbes de l’imagerie médicale. Ce vis-à-vis montre à quel point l’art et la nature peuvent se rejoindre, sans qu’il s’agisse de reproductions conscientes de la part des artistes. 

 

Pierre Alechinsky, Sans titre, 1975, Eau forte et aquarelle sur papier, 99x59 cm, Ville de Liège, Liège, Musée des Beaux-Arts de la Boverie
 
et
Nathalie Detry : Coupe transversale dans une racine de plante transgénique de tabac exprimant des anticorps humains (en vert). En bleu : les parois des cellules racinaires.

 

Un hommage aux artistes présents au CHU

Alors qu’elle débutait par une installation évoquant les ascenseurs du centre hospitalier, l’exposition se referme sur un couloir mettant à l’honneur les artistes de renom (Claude Viallat, Jacques Charlier,…) dont les œuvres sont exposées au C.H.U. Une manière de rappeler en finesse le rôle joué par le CHU dans l’organisation de l’exposition et la continuelle mise en valeur de l’art au sein du complexe universitaire.

La pluralité des angles de vue, la variété des formes et des époques mais aussi des matériaux présents dans l’exposition feront bondir le visiteur de découvertes en découvertes ! Notons aussi que les informations disponibles au cœur-même de l’exposition pourront être complétées par l’acquisition d’un magnifique catalogue dédié aux artistes exposés et à l’histoire des rapports entre art et médecine. De quoi combler la soif de connaissance des plus curieux… Enfin, il faut souligner l’attention particulière qui a été accordée à la scénographie : son dynamisme et la présence de touches surréalistes décalées propres à « l’esprit belge », permettront de contrebalancer la dimension parfois lourde et morbide du thème abordé. Plus aucun prétexte pour passer à côté de cet événement exceptionnel donc, qui promet d’être un véritable succès.

 

Héloïse Husquinet
Juin 2017

 

crayongris2Héloïse Husquinet est historienne et journaliste indépendante.

 


 

 

Une coproduction du Centre International d’Art et de Culture (CIAC) de la Ville de Liège, du Centre wallon d’Art Contemporain et du CHU de Liège. Dans le cadre du 30e anniversaire du CHU de Liège.

Du 21 juin au 17 septembre 2017 au Musée de la Boverie à Liège

Catalogue en vente à l’exposition.
Dossier pédagogique gratuit sur demande à service.communication@chu.ulg.ac.be ou à télécharger ici

 

http://www.laboverie.com/

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