Patrick Chamoiseau, La matière de l’absence

ChamoiseauC’est sous-titré ‘roman’ pour signaler sans doute le passage à la fiction, qu’il ne faut pas s’accrocher à l’autobiographie de l’auteur. Pourtant ce qu’il nous raconte, bien des années plus tard, c’est la confrontation au vide, la mort de la mère, l’impensable qu’il faut penser. Le mot clé est ‘passage’, comme l’indiquent aussi les brèves citations en exergue. Le texte se présente sous forme de prose dans laquelle jaillissent des vers courts, en italique. Il parle à sa sœur aînée, que l’on appelle la Baronne, en sections qui toutes commencent par le mot ‘légendaire’ – pas légende, mais comme un agrégat de pensées, de sensations à la dérive, qui vaille que vaille vont se fixer sur le papier. Dans ces passages à tant de niveaux, il nous faut rester ouverts, exposés, vulnérables, en relation, et capter l’instant. Un livre à lire et relire, à méditer sous les grands arbres, au bord des fleuves, sur les rivages.

Dans ce qui s’est effacé
Chaque Trace épelle
Chaque Trace appelle
(p. 47)

L’impensable
Non pour  renoncer
Mais pour désirer, encore, en plein, en force
(p. 317)

Les temps ne commencent pas
Ne s’achèvent pas non plus
(Il n’y a d’usures et de calendriers
Que dans nos renoncements)
  (p. 253)

 

Christine Pagnoulle

 

Patrick Chamoiseau, La matière de l’absence, Paris, Le Seuil, 2016
 
 

Lectures pour l'été 2017
Poésie

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