Ce recueil de Christophe Mahy s’ouvre sur une dédicace à la mémoire du poète Jean-Claude Pirotte, disparu en 2014. Et, comme le titre le laisse entrevoir, il est assurément écrit dans la veine de l’auteur de La pluie à Rethel ou d’Un voyage en automne. Nous y retrouvons le climat jurassien du vieil amateur de vin jaune, à l’heure où le Revermont s’incline vers la nuit / et les confidences vont bon train. Il ne s’agit nullement pour Christophe Mahy « de faire comme », d’imiter son grand frère en poésie, car l’auteur nous montre ici combien ces atmosphères participent de son univers, combien sa méditation est profonde et personnelle. Nous assistons à la rencontre, revendiquée, de deux sensibilités, la conjugaison de mêmes ciels, de paysages identiques, sombres et pluvieux. Ce sont les mêmes nuits perdues à craindre, ou, dans un même élan, à espérer la lumière, l’épreuve du jour.
Le poète nous invite à le suivre dans les méandres de la mélancolie, à un retour sur soi-même et sur son enfance
Le passé et l’enfance
font bon ménag
sur le seuil
des calmes demeures
il suffirait de presque rien
une odeur d’herbe foulée
ou d’anciennes cuisines
pour qu’un peu de poésie
vienne un peu
distraire ma solitude.
Le croisement des thématiques de la solitude, de l’enfance dans une recherche quasi mystique de sens et de soi est en quelque sorte la marque de ce poète, auteur déjà d’Un jardin de solitude (chez L’Harmattan, en 2015) et l’automne est assurément la saison qui convient le mieux à l’introspection. Cet entomologiste des sentiments humains traverse l’existence avec des mots de jardinier-philosophe ou de poète-marcheur en communion avec la nature, car La terre / sent la pluie / jusqu’à ce que mon pas / ralentisse / fort de cette heure / où le poème // décide du vent.
Alain Dantinne
Christophe Mahy, Le vieil automne, édition L’Herbe qui tremble, 2017, 96 p