Simon Hanselmann, Megg, Mogg & Owl - T.1, Maximal spleen

Hanselmann« Maximal spleen » est le premier tome d'une série due à un illustrateur australien aussi habile que malin ― dans tous les sens du terme. Y évoluent trois personnages semblant sortis d’un conte pour enfants : Megg, une sorcière, Mogg, son chat et Owl, leur ami hibou. Mais, malgré ce cadre a priori  naïf, le livre ne doit pas être placé entre toutes les mains : Megg et Mogg, dont les prénoms voisins rappellent ceux des personnages inquiétants de Beckett, sont engagés dans une relation amoureuse désenchantée ; la sorcière tente de soigner sa dépression et son addiction aux psychotropes tandis que le chat est un pervers sexuel se complaisant dans l’oisiveté. Owl, de son côté, voit toutes ses tentatives de reprendre un train de vie normal sapées par ses deux comparses, qui s’amusent à en faire la cible de leurs mauvais tours les plus sordides. Les aventures de ces antihéros se déroulent en outre dans une banlieue morose, ville à demi-fantôme propice au ratage et à l’errance. La série se donne à voir comme un trésor d’humour noir, mêlant absurde, dépression et cruauté. Objet ambivalent, elle est tantôt hilarante et tantôt chargée de spleen, tantôt superbe (certaines illustrations sont magnifiquement ciselées) et tantôt économe de moyens, répugnante à certains moments et fascinante de bout en bout.

Denis Saint-Amand

Simon Hanselmann, Megg, Mogg & Owl - T.1, Maximal spleen, Misma, 2014, 176 p.
 
 
 

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