En pensant à Badiou, nous dirions que Žižek est le nom d’une forme inédite et stimulante d’optimisme (qu’on croyait peut-être à tort réservé aux imbéciles heureux) : un volontarisme joyeux qui affirme que nous pouvons sortir vivants du capitalisme globalisé, dont la phase terminale nous oblige enfin à penser l’après, à repenser l’avenir.  Car les « quatre cavaliers de l’apocalypse » que sont, à en croire Žižek, la crise écologique, la révolution biogénétique, la marchandisation sans limites et la croissance violente des inégalités sociales vont à coup sûr imploser ce système économique infernal, sans pour autant entraîner la fin du monde. L’argumentaire est construit à partir de la théorie du deuil selon la psychiatre helvético-américaine Elisabeth Kübler-Ross qui distingue cinq phases dans le processus : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et, enfin, l’acceptation du traumatisme. Pour Žižek, nous sortirons vainqueurs du moment capitalistique de l’humanité quand nous aurons atteint le stade de l’acceptation de sa mort. Il nous faudra alors reconstruire « à partir de rien » (comme le dit Walter Benjamin dans Expérience et pauvreté en parlant notamment de Descartes, dont Hegel avait fait « le héros de la modernité »), lutter contre l’idéologie de l’ordre global et surtout reprendre à nouveaux frais la réflexion sur l’exploitation. L’essai est brillant, décoiffant et même un peu « rock’n’roll ». Le philosophe plus lacanien que jamais y joue de tous les registres en nous baladant de Hegel à Kafka, en passant par Rammstein, groupe de métal industriel allemand que David Lynch avait contribué à consacrer dans Lost Highway, …tout un symbole !  Rammstein/Un charnier/Rammstein/Pas d'issue/Rammstein/Plus un oiseau ne chante/Rammstein/Et le soleil brille…

Stéphane Dawans

Lectures pour l'été 2017
Essais, documents, récits, non-fiction
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