Catherine Deschepper et  Martine Henry, Bruxelles à contrejour

Deschepper« Bruxelles à contrejour, ce sont des images, des impressions offertes, puisées, pêchées parfois, au hasard des rencontres dans les rues de Bruxelles. Un projet photo/graphique littéral et littéraire, une visite qui n’a rien de touristique au cœur d’une capitale de cœur. Des lieux, des moments saisis, et des histoires qu’on invente, comme on fait quand on s’ennuie, à la terrasse d’un café. Ou quand on croise d’autres êtres et qu’on se dit, “et si…” » Tel est le projet de l’auteure Catherine Deschepper et de la photographe Martine Henry, défini dans leur préambule. Telle est également leur réussite.

L’on se fourvoierait en limitant la démarche des auteures (textuelle et visuelle) à la narration de la petite histoire d’une photo ou, inversement, à l’illustration d’une nouvelle par un joli cliché. Certes, un dispositif fictionnel est scrupuleusement respecté tout au long du recueil (une entité magique, une photographie, une nouvelle), mais il relève bien moins de la juxtaposition que de l’interpénétration. C’est ainsi que les êtres merveilleux et l’image observée ressurgissent lors de la lecture des courtes nouvelles ; et que l’on se prend à revenir sur nos mots et à tourner les pages en arrière afin d’observer, à nouveau, plus finement cette fois, la photographie inaugurale et, dans un même mouvement, savourer plus intensément les phrases qui la traversent.

Les styles des artistes se répondent parfaitement : Deschepper mitraille en rafale dans une prose sensible et alerte ; Henry suspend les instants. Chacune intimement ancrée dans le réel bruxellois dont, ensemble, elles lèvent fugacement un pan du voile, en noir et blanc.

 Samia Hammami

Catherine Deschepper  (nouvelles) et  Martine Henry (photographies), Bruxelles à contrejour, Éditions Quadrature, 2017, 120 p.
 

Lectures pour l'été 2017
Romans, nouvelles et récits romancés

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