Italo Calvino, Marcovaldo

CalvinoComment décrire les changements parfois brutaux qui ont affecté la société italienne des années 1950 et 1960 ? En vingt micro-récits, Italo Calvino concentre dans la figure de Marcovaldo, ouvrier père de famille nombreuse, une poésie du désespoir qui touche au cœur de notre modernité.

Personnage anachronique, rêveur mais sans guère d’illusions, Marcovaldo parcourt sous nos yeux cinq cycles de saisons dans une ville où l’humanité cherche les morceaux d’âme qu’il lui reste. La prose de Calvino fait écho au cinéma réaliste italien, ou à certaines chansons d’Adriano Celentano, tant elle parvient à capter à travers quelques motifs simples les paradoxes d’une société envahie par l’industrialisation, et pourtant encore nourrie de rythmes, de corps et d’habitudes qui appartiennent à un temps ancestral. Quel autre bois plus facile à trouver, pour chauffer sa famille, que celui des panneaux publicitaires qui bordent l’autoroute ? Comment voir encore la lune quand une enseigne lumineuse rivalise de clarté ? Comment monter dans un avion pour l’Inde en croyant rentrer chez soi après le cinéma ? Chaque aventure de Marcovaldo est parcourue d’un humour génial, pince-sans-rire, absurde, qui rend ce personnage si attachant, et tend un miroir dérisoire sur les petits drames et les petites joies de nos quotidiens « modernes ».

François Provenzano

Italo Calvino, Marcovaldo, trad. Martin Rueff , Folio, 2017, 240 p.
 

Lectures pour l'été 2017
Romans, nouvelles et récits romancés

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