Fausto Brizzi,  Mes 100 jours de bonheur

BrizziÀ la lecture du titre, on l’avoue, on est un peu dubitatif… S’agit-il d’un nouveau livre de développement personnel bourré de conseils gentillets pour booster notre quête du bonheur à tout prix ? Parce que si c’est le cas, on a l’impression d’avoir déjà fait le tour de la question et on se méfie légèrement de ce business autour du « bonheur prêt à porter »…

Mais on aurait franchement tort de ne pas donner une chance à ce – très beau – premier roman de Fausto Brizzi, réalisateur, scénariste et producteur italien, plusieurs fois récompensé.

L’intrigue n’est pas forcément originale : à l’aube de ses 40 ans, alors qu’il vient de se faire mettre à la porte de chez lui par sa femme Paola qui apprend qu’elle a été trompée, Lucio découvre qu’il est malade, gravement malade. Il va mourir dans moins de 4 mois. 100 jours exactement, c’est ce qui lui reste à vivre, en compagnie désormais de « son ami Fritz », sa tumeur au foie de 6cm. 100 jours pour reconquérir la femme qu’il aime et laisser les plus beaux souvenirs à ceux qu’il aime.

Un scénario de base plutôt classique donc, mais que l’auteur va décliner avec brio dans un compte-à-rebours à la fois angoissant, car trop rapide et sans éclaircie, mais tout en pudeur, évitant fioriture et ambiance mélodramatique. Sous sa plume légère guidée par l’humour, on partage la vie de tous les jours d’un homme qui apprend qu’il va mourir et qui ne sait pas exactement que faire de ces dernières journées qui lui restent ; précieuses dernières heures qui s’écoulent inévitablement, remplies de profond désespoir, de colère et frustration, de petites joies et grand bonheur.

Même si l’auteur nous prévient d’emblée que la fin de Lucio sera irréversible, jusqu’à la dernière page, « Chapitre 1 – dernier jour », on se surprend à espérer un retournement de situation, une guérison miraculeuse… Mais c’est une erreur. Il ne s’agit pas d’un livre d’action à suspense. L’assassin est connu dès le départ. L’issue fatale est inéluctable. Ce que l’auteur italien nous propose ici, c’est tout simplement une ode à la vie, dans tous ses états, dans ce qu’elle a de plus cruel et de plus beau, de plus simple et de plus injuste. La vie telle qu’elle est, imprévisible mais magnifique, jusqu’à la fin.

 Olivia Moonen

Fausto Brizzi,  Mes 100 jours de bonheur, Trad. Lise Caillat, Pocket, 2016, 464 p.

 

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Romans, nouvelles et récits romancés

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