François Garde, L’effroi

GardeFrançois Garde s’était jusque-là illustré dans le roman de voyage ou d’aventure (Pour trois couronnes, Ce qu’il advint du sauvage blanc). L’effroi est bien différent.

Lors de la première de Cosi fan tutte à l’Opéra Garnier, retransmis en direct à la télévision, le célèbre chef d’orchestre Louis Craon fait le salut nazi. Stupeur dans le public et dans l’orchestre. L’altiste Sébastien Armant est effrayé, au point qu’il ne se sent pas capable de rester là. Sans réfléchir, il se lève, tenant son alto sous le bras, et cherchant vainement à quitter la fosse, tourne le dos au chef. Quelques secondes après, un autre musicien l’imite, puis tout l’orchestre, puis le public.  Craon est forcé de s’en aller. Les caméras ont tout filmé. Sébastien Armant, devient dans la France entière, et au-delà,  « le héros qui a dit non ». Son geste dicté par l’effroi est interprété par le monde entier comme une forme de courage exceptionnel. Pendant plusieurs semaines, les médias se l’arrachent. Instrumentalisé par le service communication de l’opéra Garnier qui espère bien en tirer profit, il accepte de bonne grâce de nombreuses interviews, participe à des émissions, passe au journal de 20 heures… Il fait ce qu’on lui demande, mais il ne s’appartient plus vraiment, son existence lui échappe. Il devient la cible d’un groupuscule pro-nazi, ses collègues lui reprochent sa soudaine notoriété, la presse à scandale s’attaque à lui, sa famille souffre et il frôle la dépression… Tous ces événements vont obliger Sébastien Armant à mettre de l’ordre dans sa vie…

Le roman de François Garde explore le monde de la communication et des médias – et même quelque peu le monde politique. Il jette un regard critique sur son mode de fonctionnement, ses objectifs froids, son hypocrisie, ses manipulations… Il dépeint un monde cynique, sans vergogne.

Claudine Simart

François Garde, L’effroi, Gallimard, NRF, 2016, 304 p.
 

Lectures pour l'été 2017
Romans, nouvelles et récits romancés

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