Marc Graciano, Au pays de la fille électrique

GracianoAu pays de la fille électrique n’est pas un livre facile. Le texte qui s’y déploie ne fait pas rire, pas plus qu’il ne procure la petite dose d’émotion facile qui fait frémir sans troubler. Non, ce livre, on a parfois envie de le refermer tant la violence qu’il recèle atteint par moments des sommets insoutenables.

Une bande de types viole une jeune fille à la sortie d’une boîte de nuit. Et aucun détail, si scabreux soit-il, ne nous est épargné, avec un acharnement qui glace le sang. Cette violence inouïe n’a d’égal que la langue sacrément travaillée sous laquelle elle palpite. D’abord, les phrases nous soulèvent le cœur, nous horrifient, puis elles nous bouleversent, et la splendeur advient. Le monde retrouve une à une ses couleurs, des ruines s’élève une lumière radieuse, et la fille électrique, blessée à mort, se remet malgré tout en route. On assiste à l’impossible reconstruction de son corps anéanti, à son ré-apprentissage de la vie. Doucement, elle nous fait découvrir son nouveau pays, au milieu d’une nature resplendissante et aux côtés de ses compagnons de route occasionnels: un chien à la robe tricolore, un mystérieux aventurier en camping-car, un jeune infirmier charitable.

 Alexis Alvarez

 

Marc Graciano, Au pays de la fille électrique, José Corti, 2016, 154 p.

 

Lectures pour l'été 2017
Romans, nouvelles et récits romancés

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