Encore ? Oui, encore. On a déjà beaucoup parlé et écrit à propos de ce livre. Merci à ceux qui ont participé à notre rencontre chez PAX, en mars dernier.
Permettez-moi encore un mot sur la poésie de ce livre important. Certes Alain Berenboom est avant tout un romancier dans le sens noble du terme : il réussit ce tour de force de combiner le polar avec le livre d’histoire, la chronique politique avec l’aventure, le comique avec l’émotion amoureuse. Que l’on soit ignare ou cultivé, en le lisant, on a de quoi faire son miel. C’est que l’auteur a de l’entregent. On peut le lire pour l’intrigue, le suspense. Ses personnages sont tellement bien campés qu’on les fréquente comme des personnes. Ils deviennent des familiers. On apprécie la délicatesse des sentiments, l’émotion esthétique, la musique des phrases, l’humour jamais vulgaire. Et même la poésie, par exemple dans la part de rêve du héros dont la vie bascule brusquement. Et dans le rythme et la sonorité des phrases. Dans l’usage du « refrain », pour le moins inhabituel dans le genre romanesque : « Il n’y a rien à voir sur les quais de Hong Kong… » (passim). Pour Alain Berenboom, les mots ne sont pas que de banals ustensiles : il les scrute, les palpe, les goûte. Il y a de la poésie dans le choix des noms des personnages. Dans une infime buée de surréel, dans le style soigné et la beauté de la langue… Il y a de la poésie dans le chef du narrateur, le romancier qui ironise à propos des têtes de gondoles, souvent des livres de cuisine et de santé... À se demander où est passée la littérature ?
Rose-Marie François
Alain Berenboom, Hong Kong Blues, Genèse édit. 2017, 316 p
Lectures pour l'été 2017
Romans, nouvelles et récits romancés
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