Gérald Purnelle, L’écriture et le foudre

purnelleSpécialiste des œuvres poétiques de Jacques Izoard et François Jacqmin, Gérald Purnelle avertit d’emblée que « comparer deux poètes est un exercice qui peut s’avérer fécond, s’ils sont bien choisis et si leurs œuvres s’y prêtent par de suffisantes affinités, qu’elles soient électives ou contrastives. » Et il ajoute : « Les mettre en parallèle peut apporter quelque chose à la lecture de la poésie de chacun, mais aussi à la compréhension de la poésie en générale. »

L’éditeur scientifique de ces deux poètes liégeois, qui se connaissaient et s’appréciaient, s’est donc attelé à mettre en résonances leurs œuvres que « tout paraît opposer ». Alors qu’Izoard, « soucieux d’atteindre une véritable visibilité sur les plans éditorial et institutionnel », fut très tôt édité en France, en revues ou dans des maisons reconnues, Jacqmin, de son côté, se défiant du monde des lettres, a peu publié et n’a connu la reconnaissance externe qu’à cinquante ans.

S’appuyant sur des exemples précis, Gérald Purnelle pointe leurs divergences. Chez Izoard, l’écriture du quotidien est nourrie par l’expérience réelle. « Chaque mot vaut pour l’objet qu’il désigne et le plaisir pris à le nommer et à le toucher est le même. » Pour Jacqmin, au contraire, « pensée et langage seront toujours inaptes à rendre compte de la réalité et de l’expérience qu’en éprouve le sujet ». Et, tandis que le corps est central chez le premier, il est plus abstrait et certainement pas sexué chez le second. Et si l’un témoigne une réelle confiance dans les mots, l’autre s’en défie « comme signé censé représenter quelque fragment que ce soit d’une réalité ».

Néanmoins, l’auteur repère chez tous deux « un égal refus de croire en la possibilité d’une vérité qui soit située au-delà des choses, d’une vérité révélée ou à révéler ». C’est ainsi qu’« ils prônent l’un et l’autre la vertu de l’ignorance ». Le poème n’est donc pas, pour eux, « un instrument de connaissance » mais « un moyen de jouissance ». Ils se rejoignent également dans l’identité du sujet, par la présence du je « dans la perception du monde qui suscite et déploie le poème ». « Ces points communs nous renvoient dans les deux cas à un homme qui s’interroge sur lui-même, et choisit le poème comme moyen d’exister dans le langage, dans le monde et dans son propre être », conclut Purnelle.

Cet essai a été primé par lAcadémie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique

Gérald Purnelle, L’écriture et le foudre (L’Arbre à paroles)
 

Voir aussi La poésie des Liégeois François Jacqmin et Jacques Izoard rééditée - Lire Jacques Izoard - François Jacqmin "C’est dans mon expérience du monde que je perds tout !"

 

Sorties de presse des ULgistes - printemps 2017
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Voir aussi : Les écrivains de l'ULg