Umberto Eco, Reconnaître le fascisme

EcoCe bref texte a été prononcé le 25 avril 1995 à l’Université de Columbia à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Libération de l’Europe et, sous le titre Le Fascisme éternel, il a fait partie, en 2000, du recueil d’essais intitulé Cinq questions de morale. Face à ceux, en Italie mais aussi ailleurs, qui, aujourd’hui, s’interrogent sur l’impact réel de la Résistance pendant la Deuxième Guerre mondiale, le sémiologue né en 1932, qui a passé son enfance dans une petite ville près de Milan, répond que, pour sa génération « la réponse est nulle et non avenue : nous avons tout de suite compris la signification morale et psychologique de la Résistance ». Après avoir disserté sur la notion de fascisme, notamment par apport au nazisme, il distingue quatorze caractéristiques de ce qu’il appelle l’Ur-fascisme, le fascisme primitif et éternel (que l’on peut facilement adapter à de nombreux partis populistes et d’extrême-droite actuels) : le culte de la tradition (la vérité a été énoncée une fois pour toute, il ne peut y avoir d’avancée du savoir), le refus du modernisme, celui de toute critique, la peur de la différence, l’appel aux classes moyennes frustrées (puisqu’il se nourrit des frustrations), l’obsession du complot (avec les juifs comme cible privilégiée), l’élitisme populaire, le culte du héros, le populisme qualitatif (contre le parlementarisme évidemment corrompu), un lexique pauvre et une syntaxe élémentaire, etc. Chaque point est développé et illustré par des exemples historiques.

Umberto Eco, Reconnaître le fascisme (Grasset)

 

Sorties de presse des ULgistes - printemps 2017
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Voir aussi : Les écrivains de l'ULg