Thomas Doret : Le gamin au vélo fait son chemin à l'ULg et sur nos écrans

Thomas Doret photo Rudy LamboretEn 2011, le (très) jeune Thomas Doret décrochait le rôle principal dans Le Gamin au Vélo, et découvrait la Croisette de Cannes avec les réalisateurs Jean-Pierre et Luc Dardenne. Depuis, Thomas a continué son travail de comédien tout en menant, avec brio, des études en médecine à l’ULg. Rencontre.

Alors que le film français Seuls de David Moreau est toujours en salle, la RTBF vient d’entamer la diffusion de sa nouvelle série, Zone Blanche, multirécompensée avant même sa diffusion dans certains festivals. Le point commun ? Thomas Doret, jeune acteur d’à peine 20 ans, à la filmographie déjà bien remplie.

«Je regardais la télévision quand j’étais adolescent, et je voulais être acteur, avec l’image idyllique que l’on peut avoir du métier à 13 ans» raconte Thomas. «Un jour, mon père a découvert sur internet que les frères Dardenne faisaient un casting à Seraing ; venant de Flémalle, je me suis dit que ça valait le coup d’essayer. Il y a eu un premier casting, puis un deuxième, et ça c’est finalement concrétisé.»

Photo Rudy Lamboray

 

La révélation internationale… à 14 ans

C’est connu : les frères Dardenne ont toujours eu le nez fin en ce qui concerne les acteurs inconnus. Citons Jérémie Renier, Émilie Dequenne, Déborah François… Et Thomas Doret, qui deviendra une des attractions de la Croisette lorsque le film sera en compétition à Cannes, où il remportera par ailleurs le Grand Prix du Jury. «J’avais peut-être vu un de leurs films, je ne sais plus trop… De toute manière j’étais un peu jeune pour voir des films d’auteurs de ce niveau» avoue Thomas, «mais je pense quand même en avoir vu un, sans pouvoir dire lequel.»

gamin au vélo bande annonceRéputés pour leur perfectionnisme et l’intensité de leurs tournages, les frères Dardenne ont rapidement pris soin de leur découverte. «C’était très familial» explique le comédien, «et très enrichissant en terme d’expérience. Il y a eu un mois de répétition, avec les comédiens et les costumes sur les décors – qui n’étaient pas terminés parfois, d’ailleurs. C’était un mois intense, où on a appris à se connaître les uns les autres, puis maîtriser le texte, voir ce qu’on peut faire au niveau du jeu… Et on refait encore des répétitions avant de tourner les scènes, avec de légères modifications occasionnelles. C’est une méthode très intéressante, et c’est la seule fois que j’ai travaillé comme ça.» 


De merveilleux souvenirs donc, que viendra ponctuer en 2012 le Magritte du Meilleur Espoir Masculin.

 

Gamin au vélo Magritte meilleur espoir masculin

À l’issue de la remise de prix, Thomas déclarera à un journaliste : «Je viens de terminer un second film avec Michel Bouquet, mais là, je retourne à l’école.» Des strass et paillettes, certes, mais surtout les pieds sur terre.

 

Une filmographie impressionnante

En l’espace d’un peu plus de cinq ans, Thomas Doret va enchaîner les films de grands auteurs (Gilles Bourdos, Benoit Jacquot) mais également quelques séries de renom, notamment la saison 2 des Revenants, la série-phare de Canal + («C’était génial !»  s’exclame l’intéressé). Tout ça sans jamais suivre le moindre cours sur le jeu d’acteur. « Attention, je ne dis pas que ce n’est pas nécessaire ! Mais dans mon cas, je n’ai jamais suivi de tels cours, je joue davantage "à l’instinct".»

Petit homme Jean-Guillaume SONNIERCe qui impressionne peut-être le plus chez Thomas, c’est cette maturité, ce regard intelligent porté sur son métier. «Quand j’étais enfant, quand je voyais les films américains, j’ai grandi comme beaucoup avec le rêve de rencontrer des cinéastes comme Spielberg, évidemment. Puis, en grandissant, on découvre qu’il y a d’autres cinéastes de talent, français, belges, qui n’ont peut-être pas des budgets mirobolants mais qui ont chacun leur univers. C’est aussi ça qui me plaît dans le fait d’être acteur.»

Petit homme, court-métrage
de Jean-Guillaume Sonnier
 

Mais qu’est-ce qui donne envie à Thomas de se lancer dans un projet ? «C’est très dur comme question… Il y a tellement de paramètres qui entrent en compte. Ce n’est pas lié à l’importance du rôle, ceci dit, ça peut jouer mais ce n’est pas déterminant. Je crois que ce qui m’intéresse le plus, c’est l’histoire. Je ne pourrrais pas participer à un film un peu creux, qui ne raconte rien, ou alors du vu et revu. Les films sans histoires, ça ne m’intéresse pas.»

 

Les revenants - Esteban Koretzky nadia de Léa Frazer

Dans le rôle d'Estaban Koretzky, dans la série Les revenants Saison 2 de Fabrice Gobert - Dans le rôle de Noé, dans le téléfilm Nadia de Léa Frazer
 

Sans doute est-ce pour ça qu’il s’est lancé dans l’aventure de Seuls, le film de David Moreau adapté de la BD éponyme de Gazzotti et Vehlmann, «un cinéma où je n’ai pas l’habitude de jouer», mais aussi et surtout Zone Blanche, la nouvelle série-événement de la RTBF. «Zone Blanche est une série policière teintée de fantastique, mais je n’en dirai pas plus pour préserver le suspens. J’y joue le meilleur ami de l’un des personnages principaux, Cora. Attention, je n’ai pas un grand rôle ! Juste ce qu’il faut pour avoir pu apprécier le tournage et le travail avec les deux réalisateurs, et ne pas subir des journées intenses comme la comédienne principale.»

 

«Le statut étudiant-artiste m’aide énormément»

Il n’y a pas qu’à l’écran que Thomas Doret brille : à 20 ans, le voilà déjà en troisième année de médecine. Un parcours sans faute qui exige une certaine discipline. «Il n’y a pas de secret : il faut être très organisé et rigoureux. Se maintenir à jour constamment, travailler après une journée de tournage. Quand je dois aller à Paris pour un casting, j’essaie que ce soit une journée où j’ai des cours moins importants. Le peu de vacances que j’ai est très vite rentabilisé !»

ZoneblancheComme de nombreux étudiants ULg, Thomas bénéficie du statut étudiant-artiste proposé par l'Université, qui lui permet de combiner sa passion et ses études. Pas question pour autant d’en profiter à l’excès, surtout dans son domaine. «Je ne suis même pas sûr que tous les profs soient au courant de mon activité artistique ! Mais grâce au statut, quand je dois m’absenter, je préviens la secrétaire, et cela facilite grandement les choses. Après, je pense que tant que je réussis les examens, l’ensemble du corps professoral est compréhensif.»

Il ajoute : «Avec ce statut, on peut, si on le désire, diviser son année en deux, mais je n’ai pas fait ce choix. Je préfère suivre un cursus normal avec aménagement des examens, le cas échéant, et de certains cours obligatoires. J’avoue que ce statut m’aide énormément sinon je ne m’en sortirais pas avec les tournages.»

Et l’avenir ? Cela restera très vague, car si quelques projets pointent le bout de leur nez, Thomas préfère ne pas en parler «tant qu’il n’y a rien de concret». En attendant, il se consacre à ses cours en oubliant presque la diffusion, pour le moment, de Zone Blanche sur la RTBF. C’est aussi ça la touche Thomas Doret : la tête sur les épaules, bien remplie et loin d’être grosse.

 

Bastien Martin
Mars 2017

crayongris2Bastien Martin est journaliste indépendant, diplômé en Cinéma de l'ULg. Il est assistant de production chez Dérives asbl. Ses recherches doctorales portent sur le cinéma d'animation belge.

 


 

 

https://www.facebook.com/Thomas.Doret/ 
Sa filmographie : http://www.ubba.eu/fiche.cfm/395911_1793.
Sa fiche d'étudiant-artiste : https://www.ulg.ac.be/cms/c_5344584/fr/doret-thomas 

Le statut d'étudiant-artiste à l'ULg