Jean-Pierre Rorive, Ombres & Lumières en Val Mosan. Histoire mouvementée du Pays de Huy
Saxophoniste et pianiste reconnu avec de nombreux concerts et albums à son actif, conférencier, professeur d’histoire dans l’enseignement secondaire, docteur en philosophie et Lettres de l’ULg, Jean-Pierre Rorive publie, aux éditions de la Province de Liège, son 22e livre : Ombres et lumières en Val mosan : Histoire mouvementée du pays de Huy. Sa bibliographie compte plusieurs ouvrages historiques, souvent primés, sur des périodes ou des thématiques particulières : Savoureuses/Étonnantes/Inattendues histoires de …, opus de la série des « Vie quotidienne». Sa Guerre de siège sous Louis XIV, en Europe et à Huy (déjà !) a été couronnée, en 1999, du Prix Georges Goyau de l'Académie française. En 2015, à l’occasion du bicentenaire de la naissance du facteur d’instruments, la seconde édition de sa biographie d’Adolphe Sax reçoit le 22e Prix des Muses, une récompense décernée aux meilleurs ouvrages traitant de musique.
Ombres et lumières est son 7e ouvrage qui traite de Huy, sa ville natale – et il assure que ce sera le dernier –, Huy dont il prétend que «c’est la ville de tous les records» : elle a abrité deux des plus grands maîtres de l’orfèvrerie au Moyen-âge, subi le plus grand nombre de sièges durant tout le 17e siècle… Huy qu’il insère dans son environnement proche, son «Pays de Huy». Ainsi l’auteur propose des escapades dans les communes de Moha, Ampsin ou encore Marchin renommée pour sa sidérurgie. Mais Huy qu’il rapproche aussi de Liège dont elle a été capitale de substitution. « Quand les Liégeois étaient en guerre avec leur prince-évêque, ce dernier venait se réfugier au château de Huy, qui était bien mieux défendable que Liège», précise-t-il.
Dans la préface de la plume d'Éric Mension-Rigau (université de la Sorbonne, Paris IV) , on peut lire que ce livre est «le meilleur guide du touriste qui arpente aujourd’hui, avec curiosité et sans crainte, le dédale de rues décrites à la perfection» ... Pourtant l’ouvrage n’a pas grand chose à voir avec un guide touristique que l’on sort de sa poche lors d’une balade le long de la Meuse ou du Hoyoux. Il s’agit d’un beau livre, « d’un très beau livre» comme l’a voulu l’auteur, qui prendra plutôt place dans une bibliothèque, probablement à plat ou avec ses homologues «hors format».
Assurément un cadeau à offrir à un historien, un artiste, un ami condruzien. Ou à soi-même, pour le plaisir de la découverte et de l’érudition.
Michel Houet et Jean-Pierre Cao, Une fin de siècle à Liège. 20 ans de photographies de presse
Michel Houet, photographe membre du personnel ULg, a dans une autre vie, été photographe de presse indépendant. Au début de sa carrière, entre 1980 et 1999, il a réalisé de nombreuses photographies d'actualités le plus souvent «à la pige», qui ont été publiées par exemple dans Vers l'Avenir, La Libre Belgique, La Cité, le Vif, la DH, Le Soir, etc. À l'époque, les photographes de presse devaient être toujours prêts à se rendre sur les lieux d'un événement, pour prendre les clichés les plus intéressants, réintégrer au plus tôt leur laboratoire pour les développer, avant d'aller les vendre à l'une ou l'autre des rédactions... en espérant qu'aucun concurrent n'était passé plus tôt...
Dans ce bel ouvrage de 224 pages, il présente plusieurs centaines des images en noir et blanc publiées alors, ravivant ainsi des souvenir tantôt festifs, tantôt dramatiques des 20 dernières années du 20e siècle à Liège. On revoit alors les grands travaux, manifestations, catastrophes, événements artistiques, académiques, politiques ou sociaux et aussi de nombreuses personnalités qui, d'une manière ou d'une autre, ont émaillé la vie liégeoise : Le Dalaï Lama, Coluche, Gainsbourg, Jean Richard, Neil Armstong, Raymond Devos, François Perrin, Walthéry, José Picon, Marie Gilain... Et même Willy Legros et Bernard Rentier.
Chaque photo est mise en contexte par le journaliste Jean-Pierre Cao. Ses commentaires courts et passionnants mettent en valeur le travail de l'image et permettent au lecteur de s'immerger plus profondément dans le passé de la Cité ardente et de ses habitants.
Comme le souligne Jérôme Jamin dans sa postface, les photos de Michel Houet représentent à la fois des témoignages douloureux de cette période si difficile pour Liège et des preuves par l'image que l'esprit liégeois résiste toujours, bien décidé à relever la Cité.
Michel Houet et Jean-Pierre Cao, Une fin de siècle à Liège. 20 ans de photographies de presse, Éditions de la Province de Liège, 2016, 224 p.
Laurence Druez, Chaque maison a son histoire. Guide des sources relatives au patrimoine privé
L'attachement sentimental qu'on peut porter à sa maison justifie qu'on s'intéresse à son histoire et son évolution. En Wallonie, une maison sur quatre est centenaire. Des générations s'y sont succédé et lui ont donné son âme... Chercher à pénétrer quelque peu l'histoire de la maison qu'on habite, depuis sa création par son premier propriétaire, puis ses modifications et rénovations au fil du temps par les différents occupants, s'intéresser à la vie de toutes ces personnes qui y ont vécu, Laurence Druez, historienne de l'Université de Liège, le rend possible.
L'ouvrage qu'elle publie à l'Institut du Patrimoine Wallon présente de manière aussi complète que possible les nombreux types de sources documentaires qu'on peut trouver pour retracer l'histoire de son habitation. L'ouvrage de 232 pages, superbement illustré, se divise en deux parties : la première concerne les maisons bâties après la Révolution française, la seconde, celles de l'Ancien Régime. L'auteure nous guide à travers les plans cadastraux, archives des administrations, articles de presse et photographies anciennes, documents de famille, sources fiscales, judiciaires ou encore ecclésiastiques. Chaque maison est particulière. Se plonger dans son histoire demande indéniablement du temps et de la patience, mais cela ouvre aussi les portes d'une passionnante histoire tant humaine que foncière.
Laurence Druez, Chaque maison a son histoire. Guide des sources relatives au patrimoine privé, Coll. Les dossiers de l'IPW n°19, Institut du Patrimoine Wallon, 2016
Anne-Catherine Bioul (dir), Une nouvelle vie pour les châteaux d'industriels. Sauvegarder et réaffecter ces lieux de mémoire
Au début du 19e siècle, la Belgique a connu une période d'expansion économique remarquable particulièrement dans les régions de Liège et du Hainaut, avec de grands patrons d'industries qui feront appel, dans la seconde moitié du 19e siècle à des directeurs pour les seconder. De grandes dynasties industrielles de patrons et de directeurs font bâtir près de leur entreprise des demeures prestigieuses, appelées «châteaux» dans le langage populaire.
Il y a deux ans a eu lieu une journée d'étude sur les demeures patronales industrielles, réunissant historiens, historiens d'art, archéologues et architectes, dont quelques Alumni et chercheurs de l'ULg. Un large panorama de ces immeubles à travers les bassins industriels a ainsi pu être présenté. Le présent ouvrage représente les actes de ce colloque.
Bien plus qu'un ouvrage architectural, la demeure patronale doit être envisagée dans son contexte industriel, économique, géographique et historique, mais aussi dans ce qu'elle révèle de son commanditaire en terme d'image et de rôle social. Le château du capitaine d'entreprise symbolise son autorité sur son milieu industriel et témoigne de sa réussite économique et sociale.
Pour le témoignage qu'ils apportent sur l'histoire de notre pays autant que pour leur valeur architecturale, il est important de sauvegarder ce patrimoine de la société contemporaine. Souvent, aujourd'hui, la réaffectation apparaît comme le meilleur (voire souvent le seul) moyen d'éviter la destruction. Les quelque 20 auteurs de ce très bel ouvrage, très richement illustré, proposent tantôt des réflexions larges, tantôt des études de cas précis, à travers les différents bassins industriels wallons.
Anne-Catherine Bioul (dir), Une nouvelle vie pour les châteaux d'industriels. Sauvegarder et réaffecter ces lieux de mémoire, Coll. Les dossiers de l'IPW n°18, Institut du Patrimoine Wallon, 2016Émile Meurice, Èvôye. Apprendre le wallon liégeois en s'amusant
Émile Meurice est un ancien de l'ULg. Amoureux du wallon, lui consacre un manuel d'(auto-)apprentissage en 1994 pour lequel il a mis au point une méthode amusante basée sur les dictons, proverbes et expressions courantes, parce que, dit-il, «les proverbes transmettent à travers les âges un témoignage de la sagesse et des valeurs que nos ancêtres ont acquises par leur expérience de vie dans leur milieu.» Ils sont aussi quelquefois savoureux.
Pour cette nouvelle édition, le contenu et la mise en page du manuel ont été quelque peu actualisés et agrémentés d'illustrations humoristiques. De plus, Christelle Baiwir et Baptiste Frankinet ont prêté leur voix à une version sonore des leçons disponible sur le site web du Musée de la vie wallonne, qui propose aussi un test final.
Nos k'minçans, bin sûr, avou l'prumîre lèçon. Premier proverbe wallon : Quî m'inme inme mi tchin [Qui m'aime aime mon chien].Le proverbe est immédiatement suivi d'explications sur la prononciation correcte. Puis vient l'explication – Quand on s'attache à quelqu'un, on s'attache à ce qu'il aime – puis le proverbe sert de prétexte pour apprendre des mots, des expressions, des tournures, de nouvelles phrases... Au fur et à mesure des 33 leçons, les proverbes wallons se font plus nombreux et les notions lexicales et grammaticales s'amplifient.
La première édition du manuel d'Émile Meurice se voulait ludique et amusante par son contenu. Cette nouvelle édition l'est aussi par sa présentation. Alors, imitons nos parents ou grands-parents. Lès-ouhês dès bwès huflèt come lès vîs l's-aprindèt [Les oiseaux des bois sifflent comme les vieux le leur apprennent].
Émile Meurice, Èvôye. Apprendre le wallon liégeois en s'amusant Éditions de la Province de Liège, 2016.
Bernard Wodon, 1000 ans de rayonnement artistique liégeois
Bernard Wodon, docteur en histoire de l'art, archéologie et musicologie, a enseigné à l'Université de Liège. On lui dit plusieurs ouvrages, comme une Histoire de la Musique (Larousse, 2008), ou L'ornement de l'Antiquité au XXe siècle (Citadelles et Mazenod, 2014). Avec ce nouvel ouvrage, il retrace l'histoire de l'art et de la musique en Principauté de Liège.
De 985 à 1795, Liège était la capitale d’une Principauté épiscopale. Le patrimoine artistique et musical de cette ancienne «patrie liégeoise», comme l'a définie Notger, jalonne l’artère fluviale de la Meuse. Bernard Wodon a voulu «réajuster l'histoire de l'art liégeois en l'associant à toutes les couches de la société» afin de compléter le goût imposé par l'Église et la noblesse jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, tout en évoquant les grands courants artistiques internationaux dans leur contexte géopolitique.
L'auteur a voulu présenter archéologie, scultpure, peinture, arts du décor quotidien et musique à travers les différentes époques de la ville de LIège, en rappelant ses orgines. Parmi les grands moments, on ne peut oublier le 12e siècle, grande époque de l'art mosan, dont sont issus notamment les impressionnants fonts baptismaux de Saint-Barthélemy, ou les fastes du règne bienfaisant d'Érard de la Marck ou le 17e siècle baroque. Dans cet ouvrage de synthèse très érudit mais très accessible, l'auteur évoque les œuvres incontournables, mais aussi de nombreuses pièces méconnues bien que remarquables en matière d'architecture, de peinture, de musique, sculpture...
L'ouvrage se termine par l'évocation du 20e siècle, toujours plus ouvert vers l'Europe et le monde, qui montre une ville qui s'inscrit dans une large région,«tient à sauvegarder son épithète d'ardente» et «cherche à répondre aux défis contemporains de la science, de la culture et de la technique».
À la fin de l'ouvrage, une importante bibliographie permet au curieux de compléter ses informations.
Bernard Wodon, 1000 ans de rayonnement artistique liégeois, Éditions de la Province de Liège, 2016