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Les « Concerts de Midi » fêtent leur 1500e concert

08 November 2016
Les « Concerts de Midi » fêtent leur 1500e concert

concert midi 2008Le 17 novembre prochain aura lieu le 1500e concert des « Concerts de midi ». Cette vénérable organisation entame sa 67e saison avec une programmation musicale exigeante alliant chefs-d’œuvre classiques et compositions contemporaines insolites. L’édition anniversaire augure de belles surprises. Elle aura exceptionnellement lieu à 19h30 à la Salle Académique. Ensuite, dans le courant de l’année, d’autres événements tout aussi exceptionnels sont prévus. Parmi eux, une coproduction avec l’OPRL pour le festival  « Exils »,  l’intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven dans le cadre du Bicentenaire de l’ULg ou encore une production musicale qui s’inscrit dans le cycle « Musique et astronomie ».  Un programme prometteur.

Jeudi 20 octobre dernier, 12h30. Pour la première fois réunis en trio, Éliane Reyes, Philippe Graffin et Gary Hoffman s’adonnent à une brillante interprétation de trois grands chefs-d’œuvre de Ravel et de Debussy. Moment de détente pour les uns, de découverte ou de délectation pour les autres… Cette douce pause musicale qui a lieu dans le cadre prestigieux de la Salle Académique n’est pas une première. C'était au contraire le 1497e récital organisé par les « Concerts de midi ». Cette organisation existe depuis plus d’un demi-siècle sans interruption et rassemble chaque jeudi sur le temps de midi un public varié (mélomanes, musiciens, étudiants et membres de l’ULg) autour de concerts portés par des virtuoses mais aussi de jeunes talents prometteurs.  

concerts midi (c) Philippe DonneauxLa musique contre les bombes

L’initiative a vu le jour à Londres, en 1940, afin de mettre fin à la paralysie culturelle engendrée par les bombardements nocturnes allemands. « La vie culturelle ne pouvait plus se dérouler le soir à cause de la puissante offensive allemande menée contre l’Angleterre. En soirée, les gens devaient rester calfeutrés chez eux. Les musiciens qui vivaient à Londres et, notamment le violoniste belge Maurice Raskin, ont alors décidé d’organiser des concerts à midi », explique Philippe Gilson, ancien directeur artistique des « Concerts de midi ».

Lorsqu’il revient en Belgique, Maurice Raskin fait part de son expérience à Sara Huysmans, la fonctionnaire en charge des affaires culturelles. Séduite par la démarche, celle-ci soutient avec enthousiasme la création des « Concerts de Midi » de la Ville de Liège. Elle permet leur implantation au Musée d’art ancien à Bruxelles puis à Anvers et, finalement, à Liège. Le premier concert liégeois résonne dans la salle dite « des plâtres » de l’Académie des Beaux-Arts le 5 octobre 1949, sous la direction artistique de Louis Poulet.  

 

Une évolution musicale en crescendo

Depuis lors, les « Concerts de midi » n’ont pas pris une ride. Ils doivent leur réussite et leur pérennité aux cinq directeurs artistiques qui se sont succédé pour faire de ce rendez-vous musical un moment de qualité. En effet, en plus d’avoir redoublé de créativité, ceux-ci ont dû en découdre avec des obstacles de taille notamment pour la recherche de subsides, la location de salles appropriées et, corollairement, la fidélisation du public face aux changements de lieux.

 

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De Louis Poulet à Maurice Barthélémy en passant par Philippe Gilson, Michèle Isaac et enfin, Bernard Pierreuse, chacun a nourri et enrichi le répertoire musical de ses propres exigences en tenant compte au mieux des attentes du public. Un arrangement complexe et délicat au sujet duquel Maurice Barthélémy déclarera : « Les ″Concerts de midi″ ont toujours été, par leur nature même, une entreprise périlleuse. La musique est chose fragile, le musicien un être insaisissable, l’œuvre matière à laquelle il faut donner vie. Tout cela engage celui qui essaie de nouer les fils de ces choses complexes au-delà de ce qu’on peut imaginer. »

PhilippeGilsonC’est à lui, ainsi qu’à Philippe Gilson, tous deux musicologues de formation et successivement bibliothécaires au Conservatoire Royal de Musique, que l’on doit la revalorisation de partitions oubliées ou en tout cas, délaissées et peu jouées. « En tant que musicologues, nous avons d’abord privilégié l’œuvre et puis l’artiste. Notre approche était ciblée sur la découverte par le public d’un répertoire sélectionné et orienté selon une certaine perspective musicale. Cela impliquait de rechercher des artistes qui accepteraient de jouer les œuvres que nous leur proposions », explique Philippe Gilson. « Plus personnellement, j’affectionnais beaucoup les intégrales. Je tenais aussi à mettre à l’honneur des compositeurs et des interprètes locaux. Mon souci était de plaire avec des valeurs sûres mais aussi de faire découvrir des compositions moins connues, plus complexes. Et là, le risque était de déplaire mais j’ai tout de même osé », poursuit-il. 

À la tête des « Concerts de midi » de 1987 à 2005, Philippe Gilson a chapeauté 505 concerts sur les 1500 programmés jusqu’ici, soit plus d’un tiers de la programmation. Le bibliothécaire est également à l’origine de l’achat d’un piano Fazioli, marque encore inconnue à l’époque, mais dont les qualités par la suite unanimement reconnues s’illustreront dès l’ouverture de la quarantième saison en présence de la princesse Paola. Après avoir assuré la direction artistique de vingt saisons couronnées de succès, Philippe Gilson se retire pour céder sa place à Michèle Izaac qui dirigera l’organisation jusqu’en 2012.

020© Michel Houet Ulg - Sujet = Concert MidiEn 2012, la programmation musicale est animée d’un souffle nouveau avec l’arrivée de Bernard Pierreuse, l’actuel directeur artistique. Sous sa tutelle, le répertoire, autrefois exclusivement organisé autour d’interprétations classiques, romantiques ou encore baroques, va s’assouplir et s’ouvrir à des compositions contemporaines mais aussi à d’autres genres comme le jazz ou encore la musique du monde. « Dès le départ, j’ai essayé de distiller de la musique contemporaine parmi l’éventail musical classique proposé. J’inclus une œuvre de notre époque en regard d’une œuvre plus classique en veillant à ne pas les mélanger mais plutôt à les faire dialoguer, à établir des connections. Cela permet de ne pas imposer trop brusquement des œuvres trop novatrices ou trop difficiles pour l’oreille », explique Bernard Pierreuse, ancien flutiste professionnel.

La combinaison de différents genres et registres musicaux s’illustre à maintes reprises au cours de cette 67e saison. Dans la veine du jazz, citons le quartet composé de la figure montante du jazz belge, Igor Gehenot, du trompettiste français Alex Tassel, du bassiste Viktor Nyberg et enfin du batteur Jérôme Klein qui se produira le 15 décembre 2016. Plus avant dans la programmation, citons aussi le quatuor à cordes Tana spécialisé en musique contemporaine ou encore le quatuor Amon qui ne craint pas de confronter Mendelssohn et une œuvre inspirée de Walt Disney.

 

Frank Braley et l'Orchestre de Chambre de Wallonie

Le 1500e concert, une édition surprise

Quant aux mélodies qui résonneront dans la salle académique à l’occasion du 1500e concert, le suspense reste total. Bernard Pierreuse confie ne rien vouloir divulguer mais promet une soirée à la hauteur de l’histoire et du prestige de son organisation.    

En guise de consolation, il rappelle néanmoins les autres événements majeurs qui vont égayer la saison. Parmi eux, l’interprétation en quatre concerts de l’intégrale des sonates pour piano et violon de Beethoven qui aura lieu au printemps 2017 pour célébrer le bicentenaire de l’Université ou encore la performance musicale de Michaël Levinas, en collaboration avec l’Orchestre Royal Philarmonique de Liège, pour le festival « Exils ». Ce grand interprète indiscuté de Beethoven restituera le programme d’un concert joué à Terezin par Gideon Klein pour ses compagnons d’infortune. Enfin, dans le cadre du cycle « Musique et astronomie » également organisé pour le Bicentenaire, un concert en lien avec la thématique de l’univers et des planètes est également prévu.

Outre le partenariat noué au fil des décennies par les « Concerts de midi » et l’ULg pour l’occupation de sa prestigieuse salle académique, les collaborations sont nombreuses et ne cessent de se multiplier en vue d’enrichir leur programmation respective. Elles augurent encore de belles années en musique…

 Marjorie Ranieri
Novembre 2016

 

 

crayongris2 Marjorie Ranieri est journaliste indépendante

 

http://www.midiliege.be

 

 

 

 


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