Auteur de plusieurs livres sur Baudelaire, Montaigne ou Proust, Antoine Compagnon, docteur honoris causa ULg en 2013, témoigne en permanence son amour pour la littérature et les écrivains. Il le fait une nouvelle fois dans ce beau-livre en hommage à une poignée d’entre ceux qui, dans leurs œuvres, ont parlé d’amour, donnant aux lecteurs l’envie d’aimer à leur tour. S’appuyant sur la phrase de La Rochefoucauld – « Il y a des gens qui n’auraient jamais été amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler de l’amour » –, il écrit que «tout semble en effet indiquer que l’on n’aimerait pas autant si l’on n’avait pas appris l’amour dans les livres, dans les mots et les phrases de la littérature, le rythme de l’alexandrin, le style du roman». Ce qui n’est pas un moindre paradoxe lorsque l’on constate que, dans les livres, les histoires d’amour se terminent rarement bien.

Voici donc réunies quelques-unes des plus belles pages d’amour conservées au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France et signées par plus de vingt poètes ou romanciers de la fin du 19^e siècle et du 20^e. L’amour entretient donc un lien avec la littérature, principalement avec la poésie. Mais aussi avec la mort. «La mort est à l’horizon de l’amour poétique; la conscience de la mort est la condition de l’amour véritable», observe l’auteur. Dans la littérature, poursuit-il, «l’amour est plus beau par l’imagination que dans la réalité; il est plus exaltant en l’absence de l’être aimé, ou de l’être que l’on se figure aimer; les désirs et les souvenirs sont préférables à la présence réelle de l’objet d’amour. C’est l’un des aspects les plus ironiques de l’amour dans le roman, si souvent observé qu’il en est devenu un lieu commun: l’autre est plus pleinement aimé en son absence.»

Au fil de cette anthologie illustrée de photos, dessins et pages manuscrites, on traverse ainsi l’histoire littéraire récente à travers le prisme amoureux. Depuis Victor Hugo et Juliette Drouet se disant leur passion par lettres, jusqu’à Annie Ernaux procédant de même par la photo, en passant par Flaubert (L’Éducation sentimentale), Rimbaud (Les Déserts de l’amour), Claudel (Partage de midi), Proust (Un amour de Swann), Apollinaire (Poèmes à Lou), Colette (Le Blé en herbe), Bataille (Histoire de l’œil), Char (Évadné), la correspondance Sartre-Beauvoir, Barthes (Fragment d’un désir amoureux) et bien d’autres.

Sorties de presse des ULgistes - Automne 2016
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