Cette saga de «dark-urban-fantasy», parue en épisodes sur le site de l’éditeur et aujourd’hui réédité en intégralité, narre les méfaits d’un Archidémon, comme l’ont nommé les «mortels habitants» de Chtonya, un «plan matériel» parallèle au nôtre. Car ceux qui vivent à Dis, capitale infernale surmontée de sept vortex, ne s’appellent pas démons entre eux mais Narakhe, essences immortelles asexuées obligées de s’incarner dans le corps d’un autre pour passer entre les différents mondes. Notre Archidémon s’appelle Nechtaàn, ou Raphaël, et il s’ennuie sur la Terre Prime depuis que les Croisades et les guerres mondiales ont été arrêtées. À sa suite, on croise une sorcière qu’il éventre pour en retirer un bébé, avant de la recoudre, une déesse guerrière païenne et thaumaturge, un vampire russe héritier du Saigneur (sic) de l’Est qui conteste la loi faisant des siens les égaux des humains, une créature mi-loup, mi-grand chien, etc. Et même des humains qui vivent comme des humains avec des soucis d’humains. Et s’envoient des SMS.

Autour de ces personnages, Manon-Élisabeth d’Ombremont (pseudo), étudiante en Médiation culturelle, a bâti un monde très cohérent dans lequel les amateurs de ce type de littérature évolueront sans difficultés – pour les autres, il leur faudra abandonner tout esprit rationnel. Encore que… Derrière la fantaisie du propos, se dissimule à peine un monde qui a une logique finalement très humaine, dont les habitants sont en proie à des émotions et sentiments humains, sont animés par des peurs, colères ou élans dans lesquels nous nous reconnaissons. L’amour, le désir sexuel, la jalousie ou la compassion ne leur sont pas étrangers. Leurs dialogues n’ont rien d’ésotérique et les lieux qu’ils fréquentent ressemblent aux nôtres. Ou plus rarement, comme les catacombes de Parys auxquelles on accède via le cimetière de Montmartre.

C’est ce choc entre ces deux mondes, en plus de l’humour omniprésent et décalé (l’auteure s’excuse par exemple pour les goûts musicaux de son héros – en l’occurrence Britney Spears), qui fait le charme et la saveur du deuxième livre de l’étudiante en médiation culturelle à l’ULg, après La Chienne de l’ombre, le premier tome des Légendes Faës, paru il y a quelques mois.

Sorties de presse des ULgistes - Automne 2016
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