Du 10 au 18 septembre 2016, le PhotoClub IMAGE de l’Université de Liège présente les productions de ses membres dans le cloître de la cathédrale Saint-Paul. Quelques centaines de photographies, effleurant tous les genres (scènes quotidiennes, paysages, portraits et prouesses graphiques…), offrent aux visiteurs un véritable recueil de sensibilités et d’univers différents.
Pour la onzième fois, l’intérieur de la cathédrale Saint-Paul sert d’écrin aux nombreux clichés produits par les membres du PhotoClub de l’Université de Liège, pour le plus grand plaisir des amateurs de photographies ou des simples visiteurs déambulant entre les murs de la cathédrale. Existant depuis plus de cinquante ans, Le PhotoClub IMAGE réunit à la fois des membres de la communauté universitaire au sens le plus large du terme mais aussi des membres extérieurs provenant de tous les horizons. Claude Sottiaux, président du PhotoClub, souligne l’incroyable diversité de ses membres et la liberté qui leur est octroyée : pas de technique ou de style imposé, la photographie doit être avant tout un moyen d’expression et de créativité. Chaque photographe apporte avec lui son propre univers, un univers qui évolue ou se transforme au sein même du PhotoClub grâce à l'émulation et aux nombreuses discussions entre les membres. Un échange constant qui permet au PhotoClub d’exposer à nos regards une promenade photographique jouissant d’une étonnante pluralité d’images et de styles.
L’exposition se divise en « alcôves », chacune consacrée au travail d’un membre du PhotoClub. Elle s’organise telle une promenade dans un lieu de passage hors du commun – la cathédrale Saint-Paul – qui permet par la même occasion de s’ouvrir à un public extrêmement diversifié. Ce même public peut dès lors débuter la visite par l’affiche de cette nouvelle édition, qui dévoile le travail de Charlie Lambert avec ce cliché d’un pont emmitouflé dans un lourd manteau de brume. Un brouillard opaque qui n’est pas sans rappeler quelques tableaux de William Turner. Le pont photographié par Charlie Lambert se voit coupé par le cadre, et laisse entrevoir son reflet dans le fleuve et la vue de quelques façades de maisons visibles à l’arrière-plan. Un tel point de vue qui peut également évoquer le pont de James Whistler, l’Old Battersea Bridge (1872) qui présente un cadrage similaire et une même ambiance embrumée. Utilisant le sténopé (dispositif optique reprenant le principe de la camera obscura et consistant en un appareil doté d’un trou de très faible diamètre), Charlie Lambert s’est passionné pour cette technique et l’utilise également pour ses autres images visibles à l’exposition. On remarque par exemple des cabines de plage en noir et blanc. Jouant sur les flous et la nébulosité, il photographie ces cabines alignées les unes à côté des autres, mettant l’accent sur l’effet géométrique de leur alignement qui contraste avec une ambiance grise et veloutée rappelant celle de nos plages belges.
Souci de la composition et jeu d’ombre et de lumière pour cette photographie d’André Ska, qui dévoile au spectateur un escalier – qui semble suspendu – agrémenté de son ombre portée, sur un fond de dalles et de murs doté d’une pureté géométrique. Ce foisonnement de pentes et de marches nous rappelle presque le fameux escalier infini de Penrose. Un trouble d’autant plus que grand que l’image est prise au bas de l’escalier, plaçant le spectateur face à une ascension infinie tantôt grisée par l’ombre, tantôt baignée par une clarté blanche. Isabelle Halleux nous immerge quant à elle dans la photographie d’un tableau représentant un bateau en pleine tempête, tableau lui-même photographié par une dame à l’avant-plan à l’aide de son téléphone portable. Véritable mise en abyme où l’on redécouvre un geste souvent observé dans les musées. La visiteuse semble fixer son objectif sur un détail particulier du tableau : le bateau englouti par les flots et qui ne tardera pas à disparaître sous l’épaisseur des vagues. Un sinistre naufrage, fixé sur la toile, qui s’apprête à l’être aussi sur la « pellicule ». Avec cette photographie, Isabelle Halleux déplace le spectacle en dehors du tableau.
L’exposition ne manque pas d’humour, comme le prouve ce triple portrait de Dominique Hofer, où un chat, l’œil espiègle, tire la langue à celui qui le regarde. Un chat dont la couleur de la langue et du pelage diffère selon le portrait, clin d’œil aux célèbres sérigraphies de célébrités réalisées par Andy Warhol. L’étonnement perdure dans une photographie en noir et blanc de Joseph Kopetti : une jeune femme en train de courir s’apprête à être engloutie par un immense chat ailé graffité sur la façade d’un bâtiment. Cette jeune femme qui est elle-même précédée d’une montre géante également peinte sur la façade. Kopetti évoque d’emblée le fameux instant décisif d’Henri Cartier-Bresson. L’instant capturé dans lequel une jeune femme prend l’allure d’une Alice qui quitte le pays des merveilles pour les façades urbaines ornées de street-art. Le visiteur pourra aussi découvrir le travail d’une jeune étudiante en psychologie, Lucille Lescale. Le cliché qu’elle nous présente semble tout droit sortir d’un film noir des années 1940, où l’on découvre la façade d’un music-hall new-yorkais photographiée en pleine nuit, derrière une vitre embuée par l’averse. Jeux d’écriture côtoient les quelques corps perceptibles à travers l’obscurité du soir, sur le trottoir ou sur le bord d’une fenêtre, dans une ambiance nocturne inquiétante. On s’attendrait presque à voir Humphrey Bogart sortir des portes du music-hall.
Tout au long de sa promenade, le visiteur déambule au milieu de clichés qui révèlent de véritables jeux de graphisme, comme en témoigne l’image de Stany de Bethune qui, à partir de plusieurs panoramas de la gare des Guillemins, crée un ensemble de courbes et de contre-courbes extraordinaires dans lesquelles il devient difficile de distinguer l’œuvre architecturale de Calatrava.
Portraits, scènes urbaines et paysages embrumés sont également accompagnés de nombreuses photographies étonnantes qui mettent en exergue le détail et le mouvement. C’est le cas notamment de cette fleur blanche immortalisée par Claude Sottiaux et dont on imagine la légèreté de la corolle qui danse sous la brise. Les détails sont si perceptibles que l’on devine aussi l’éclat solaire qui tend à percer à travers la blancheur des pétales.
Un mouvement « photographique » qui se retrouve également dans ce cliché en noir et blanc de Paule Legrand, jouant avec deux cuillères en équilibre sur des bols. À travers cette image, le visiteur pourrait presque entendre la vibration métallique des cuillères qui tiennent en équilibre (pour combien de temps ?).
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Tout cela n’est qu’un très mince aperçu des images qui seront visibles dès la rentrée dans le cloître de la cathédrale Saint-Paul lors de l’exposition annuelle du PhotoClub IMAGE. Un conseil : soyez curieux, ouvrez l’œil, et laissez-vous guider parmi cette surprenante variété de styles et de sensibilités qui ne se laisse malheureusement contempler que pour un temps limité.
Exposition accessible à la cathédrale Saint-Paul du 10 au 18 septembre 2016 de 13h à 17h. Accès libre
Vernissage le samedi 10 septembre 2016 à 14h dans le cloître de la cathédrale. Invitation cordiale à tous.
Accès principal par la rue Bonne Fortune.
Site internet : www.photoclub.ulg.ac.be
Aurélie Garot
Août 2016
Aurélie Garot est étudiante en master en Histoire de l'Art et Archéologie.
Quelques clichés à admirer dans l'exposition, parmi d'autres
De g à d : Nadine Govers, Claudine Noël, Jeanne Medda
Annick Lelièvre, Christian Magy
Philippe Collard, Chantal Lemaire, Jan-Pierre Michiels
Maïté Guillaume, Bernard Sadzot
Jean-Jacques Eyen, Martine Lambricht, Michel Defawe