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Sur les planches avec Florine Roland

21 June 2016
Sur les planches avec Florine Roland

Pour les amoureux des mots, le cœur balance souvent entre des études en littérature et  une formation théâtrale au Conservatoire. C’est donc assez fréquent de retrouver sur les bancs de la section romane de l’ULg de nombreux comédiens et comédiennes amateurs qui ont fait le choix de s’atteler à des études de littérature, sans pour autant envisager d’abandonner leur passion pour la scène. Florine Roland fait partie de ceux-là. Elle  commence le théâtre à l’âge de 6 ans et 17 ans plus tard, la passion pour les planches ne l’a pas quittée.  Elle suit les ateliers du TURLg puis la formation théâtrale à la Province de Liège dispensée par Luc Jaminet. Elle est ensuite repérée par le metteur en scène de théâtre amateur Diego Messina qui, en 2011, commence à travailler avec elle. Enfin, elle enchaîne avec le Proscenium, où elle était à l’affiche de la pièce « L’étudiante et Monsieur Henri », tous les vendredis et samedis jusqu’au 14 mai dernier.

florineRoland

 

Pendant toutes ces années, Florine continue de jouer dans les pièces de son école secondaire l’Athénée Royal de l’Air Pur où grâce à ses professeurs, elle a pu approfondir sa passion pour les arts de la scène. « À 18 ans, lorsque je suis sortie de rhéto, je me suis posé la question de savoir si je me lançais dans des études au Conservatoire de théâtre ou si je me dirigeais vers les romanes pour assouvir ma deuxième passion qui est la littérature. À cause de la précarité du métier de comédienne et aussi parce que je savais que pour entrer au Conservatoire, il fallait faire la preuve d’une certaine expérience de vie (j’avais 18 ans),  j’ai donc choisi d’entrer en romanes. »

 

Au nom de nos pères Sous le même ciel

À gauche : Au nom de nos pères (2013) - à droite : Sous le même ciel (2011)

 

Après un parcours sans faute dans un master en Langues et Littérature romanes, finalité approfondie, et une spécialisation en littérature des 19e et 20e siècles, Florine choisit de prolonger ses études d’une année pour faire l’agrégation qui lui fournira le titre requis pour enseigner dans le secondaire supérieur.

letudiante-affiche« C’est donc ma 6e année d’université, et c’est la première fois que j’obtiens le statut d’étudiant-artiste. Je l’avais déjà demandé il y a 4 ans mais il m’avait été refusé, probablement parce que je suis comédienne dans le réseau amateur et non professionnel et que je ne suis pas rémunérée. Mais cette année, bien que je sois toujours dans le réseau amateur, j’avais deux pièces qui devaient se jouer en parallèle,  et ce, en même temps que mes stages. Il était vraiment très difficile pour moi de goupiller le tout. Dans le dossier que j’ai rendu, j’ai présenté un argumentaire qui expliquait que le monde du théâtre amateur liégeois, même s’il ne rémunère pas ses comédiens ne doit pas être considéré uniquement comme un hobby pour la cause. Le théâtre amateur fait vivre la culture liégeoise et les comédiens qui donnent bénévolement de leur temps participent pleinement à la dynamique culturelle de la ville. Et, puisque mon activité de comédienne prend de l’ampleur, on peut envisager que cela me permettra peut-être d’en faire mon métier. Quoi qu’il en soit, mon dossier a finalement été accepté et j’ai pu jouer dans les deux pièces. » 

Elle-même fille de professeur de français, Florine avoue ne pas encore être sûre de vouloir enseigner toute sa vie. Les lourdes corrections, le manque de renouvellement de la matière à enseigner... Florine pose un regard parfois incisif sur le métier d’enseignant et sur l’école en général. « En tant que future enseignante, parfois, je constate que le système scolaire ne me satisfait pas. L’école se cadenasse autour de matières précises à apprendre souvent par cœur. C’est assez triste parce que je suis convaincue qu’il est possible d’enseigner la curiosité et la passion. Mais malheureusement, j’entends trop d’échos de jeunes qui n’aiment pas lire parce qu’on ne leur explique pas suffisamment l’impact que les textes classiques qu’ils lisent en classe ont sur leur vie. Heureusement, cette année, mes maîtres de stage m’ont laissé beaucoup de liberté, j’ai pu, avec beaucoup de plaisir enseigner le théâtre. Qui sait, le jour où j’aurai mes propres classes, je pourrai pousser le travail plus loin : faire des sorties théâtre,  analyser la mise en scène, faire du théâtre en classe. »

Un des désirs très chers à Florine serait d’amener ses étudiants à découvrir le monde culturel  et leur permettre d’avoir une ouverture d’esprit à la culture qui, selon elle, manque encore parfois dans les écoles.

Le Technicien Letudiante et Monsieur Henri

À gauche : Le technicien (2015) - à droite : L'étudiante et M. Henri (2016)

 

Sur les planches et sur l’estrade, les points communs

Pour Florine, sa formation de romaniste est très importante lorsqu’elle est sur scène et inversement. Non seulement parce que l’estrade et les planches possèdent de nombreux points communs mais également parce que pour être une bonne comédienne, il faut également être une bonne lectrice. « Il n’y a rien à faire, si on ne comprend pas le texte que l’on doit jouer, inévitablement, on va passer à côté d’une série de choses. Mes études ont joué un rôle capital dans ma façon de jouer les textes, qu’ils soient classiques ou plus contemporains. »

florineRolandSur l’estrade, Florine va également puiser dans son répertoire de comédienne pour des choses qui parfois sortent un peu des compétences de la romaniste : « Lors du dernier stage, j’ai dû voir avec mes élèves en puériculture comment travailler le théâtre de marionnettes. J’avoue qu’au début, j’étais perplexe mais finalement, on a fait beaucoup d’exercices qui leur permettaient de sortir de leur coquille : on a accentué les émotions, changé nos voix, travaillé des intonations particulières, … Ce n’était pas toujours simple mais ça s’est bien passé. En fait, j’ai souvent une bonne relation avec les élèves, peut-être avant tout parce que j’ai « la tchatche » comme on dit. »

Florine sera donc diplômée de l’ULg cette année et c’est avec un mélange d’excitation et d’appréhension qu’elle aborde la rentrée prochaine. « Dans les prochains mois, on verra ce qui se présente au niveau théâtral, quels seront les projets que l’on va me proposer. Et puis, on verra aussi au niveau professionnel si des places se libèrent. » Une chose est sûre, Florine saura sauter sur les opportunités qui se présenteront à elle. En attendant, on lui souhaite un bon vent et une belle entrée dans le monde professionnel. 

 

 

Vincianne d'Anna
Juin 2016

 

 

crayongris2Vincianne d'Anna est journaliste indépendante

 


 

 

Quelques éléments de sa jeune carrière d'actrice

Sous le même ciel (2011), sous la direction de Diego Massina, Cie Imbroglio
Au nom de nos pères (2013), sous la direction de Diego Massina, Cie Imbroglio
Le technicien (2015), sous la direction de Jean-Pierre Boxus, Proscenium
On ne badine pas avec l'amour (2016), sous la direction de Fabrice Ruwette (2016), Variétés de Wallonie
L'étudiante et Monsieur Henri (2016), sous la direction de Jean-Pierre Boxus, Proscenium


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