Lectures pour l'été 2016 - Poches - Polars et thrillers

KharaDavid Khara, Une nuit éternelle

Werner von Lowinsky est né en 1812 à New-York où son père, un Prussien émigré avec sa femme française, avait créé une usine d’armements extrêmement prospère. Deux siècles plus tard, devenu un vampire désespérant de ne pouvoir «renouer avec les humains», il surfe avec frénésie sur le Net, de sites de rencontres en forums de discussion. C’est là qu’il a fait la connaissance de Barry Donavan, policier newyorkais trentenaire qui a perdu sa femme infirmière ainsi que sa fille dans les attentats du 11-Septembre. Une amitié va naître entre les deux hommes, racontée dans Les vestiges de l’aube (10/18) dont Une nuit éternelle est la suite chronologique. Le roman s’ouvre sur deux événements apparemment sans liens entre eux. En 1863, sur un champ de bataille de la Guerre de Sécession américaine, un officier sudiste échoue dans sa tentative de capturer un certain… Werner von Lowinsky. Et, en 2003, sont retrouvés égorgés un pasteur, ancien boxeur réputé, et son fils. La main gauche de l’homme est introuvable. Sur ce qui semble être l’arme du crime, une courte épée, on retrouve les traces d’un ex-toxicomane dont la victime s’occupait dans une institution appelée Le Possible Pardon. Dovanan se lance dans une enquête qui va s’avérer peu banale. Et au cours de laquelle son ami vampire ne reste pas inactif, au contraire, tentant de l’aider en usant de ses pouvoirs. Tout en devant affronter des personnages issus de son passé prêts à tout pour arriver à leur fin. Instillant une dimension fantastique dans son cadre réaliste, David Khara tient fermement les rennes d’un suspense captivant où il sera notamment question des chevaliers maudits de l’Ordre du Temple et du sens caché du Requiem de Mozart. (10/18)

 

ShohamLiad Shoham, Terminus Tel-Aviv

Le décor des livres de Liad Shoham, avocat en droits commercial, tant ses nouvelles (non traduites en français) que ses polars (seuls les deux derniers ont été traduits sur les six écrits), c’est Tel-Aviv, la dynamique cité côtière où il vit et qu’il aime. Et dont il pointe les défauts et failles. Après Tel-Aviv suspects (réédité en 10/18) où, à travers l’histoire d’un homme arrêté erronément pour viol, il dénonce les errements et abus de la police et de la justice, Terminus Tel-Aviv soulève un problème qui touche le pays, et plus spécifiquement son poumon économique: l’afflux de clandestins africains. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à arriver en Israël à pied à travers l’Egypte. Ils sont victimes du racisme de plus en plus d’Israéliens et, comme ils ne sont pas Juifs, ils ne pourront jamais obtenir la nationalité israélienne.

Bénévole à l’Association d’Aide aux Réfugiés, Michal est retrouvée étranglée dans son appartement. A cause de ses activités et de son franc-parler, elle avait pas mal d’ennemis. Par exemple l’avocat qu’elle accusait d’avoir dissimulé un document qui aurait interdit l’expulsion d’un jeune Erythréen qui s’est fait assassiner à son retour. Ou un mafieux local qui s’enrichit presque au vu et au su des autorités en exploitant financièrement les Africains illégaux réunis autour du square Lewinsky. Mais la police croit tenir le coupable en la personne de Gabriel, Erythréen lui aussi, qu’un voisin extrêmement raciste affirme avoir aperçu sur les lieux et qui, d’ailleurs, s’accuse. Pourtant, Anat, l’inspectrice qui mène l’enquête, n’y croit pas, ce jeune homme adorait Michal qui la protégeait. Elle mène donc sa contre-enquête. (Traduit de l’hébreu par Jean-Louis Allouche, 10/18)

 

LenormandFrédéric Lenormand, Qui en veut au marquis de Sade ?

Depuis vingt-cinq ans, Frédéric Lenormand écrit des romans policiers historiques et humoristiques qui se passent à Venise ou dont les héros s’appellent tantôt le juge Ti (emprunté à Robert van Gulik), tantôt Voltaire. Parallèlement, il crée une nouvelle héroïne, Laure de Sade, dont la première enquête, Qui en veut au marquis de Sade?, sort directement en poche. Emprisonné à la Bastille, le sulfureux écrivain est transféré à l’hospice de Charenton dix jours avant la prise de la forteresse le 14 juillet 1789. Mais il y a laissé ses précieux manuscrits que sa fille tente de récupérer, tout en voyageant en aérostat et en essayant d’échapper à un tueur particulièrement… sadique. On retrouve dans cette nouvelle aventure le les marques de fabrique de Lenormand: un humour en totale liberté et une attention particulière portée à la vie quotidienne de l’époque. (J’ai Lu)

 

DugainMarc Dugain, Quinquennat

A la fois polar politique et roman d’espionnage, Quinquennat est, après L’Emprise, le deuxième volet d’une trilogie consacrée à l’exploration des arcanes du pouvoir en France par la mise en lumière des liens qui se tissent entre les services secrets, les multinationales et le monde politique. Il raconte une lutte «à mort» non pas entre deux hommes appartenant à des partis adverses mais membres de la même formation politique. Devenu président en battant au deuxième tour le candidat d’extrême-droite, Launay renie ses engagements pris avec son rival – un seul mandat pour lui laisser ensuite la place – en organisant un referendum rétablissant le septennat. Lubiak, trahi, décide de réagir. Et chacun de chercher des soutiens tous azimuts, pas toujours reluisants, le chef de l’Etat ayant compris qu’il avait tout intérêt à en trouver du côté de la Chine ou des Emirats, quitte à se défaire de l’emprise américaine. Qui va l’emporter? Cette histoire oppose deux personnalités qui devraient marcher de concert mais qui, par leurs rapports au pouvoir, à l’argent, à l’ambition, ne peuvent que s’affronter. A travers cette impitoyable et très subtile comédie humaine fourmillant de figures secondaires tout aussi sombres, l’auteur de La malédiction d’Edgar donne un portrait aussi glaçant qu’effrayant du monde politique. Et probablement assez proche de la réalité, hélas. (Folio)

 

Bussi Bussi2Michel Bussi, Gravé dans le sable et Maman a tort

Gravé dans le sable est le premier thriller de Michel Bussi (Un avion sans elle, Ne lâche pas ma main, N’oubliez jamais) publié une première fois chez un éditeur normand en 2007 sous le titre d’Omaha Crimes. Le 6 juin 1944, des rangers tirent au sort l’ordre de sortie pour aller déposer des explosifs au pied de la falaise face à laquelle ils vont débarquer. L’un d’entre eux, Lucky, accepte d’échanger son numéro avec le 4 pioché par un soldat poltron, ce qui signifie une mort assurée, contre un pactole qui doit alors revenir à sa petite amie. Mais ce n’est que vingt ans plus tard que celle-ci apprend l’existence de ce contrat de la bouche d’anciens marines. Avec un détective privé amoureux d’elle, la voilà lancée dans un jeu de piste qui, à partir de Washington, l’envoie dans d’improbables petites villes de l’Amérique profonde. C’est passionnant, riche en surprises et en coups de théâtre, et, surtout, terriblement humain. Car, au-delà de l’intrigue, c’est cette dimension qui intéresse l’auteur. Qui, en outre, colore son suspens d’un humour qui n’étonnera pas les lecteurs de Code Lupin, sa savoureuse parodie normande du Da Vinci Code à conseiller à tous les amateurs du célèbre gentleman cambrioleur. (Pocket)

Le fil conducteur de Maman a tort, qui paraît également en poche, est une peluche représentant un agouti, un rongeur présent en Amérique tropicale ressemblant à un rat. Gouti, c’est son nom, est le doudou de Malone, un enfant très déluré d’un peu plus de trois ans qui affirme au psychologue scolaire que, chaque soir, son animal lui raconte un conte différent tout en lui répétant ce que disent ses parents en son absence. Le garçonnet prétend aussi que «maman-di» et «papa-da» ne sont pas ses vrais parents. Et il explique encore avoir vécu dans une maison située en bord de mer, à côté d’une forêt avec des ogres d’où il voyait un château à quatre tours, un bateau pirate coupé en deux et des fusées. Faut-il le croire? Car comment pourrait-il se souvenir de tout cela alors qu’après trois ans, la mémoire enfantine s’efface automatiquement. Sauf si quelqu’un la ravive…. La policière a d’abord du mal à suivre le psy, aussi «craquant» soit-il. D’autant plus qu’elle est sur une autre affaire, la traque des deux braqueurs d’un casse à Deauville qui a entraîné la mort de deux de leurs complices. Et le butin n’a pas été retrouvé. Cet excellent suspense est construit sur une question scientifique passionnante, celle de la mémoire traumatique inconsciente. Si tout ce que l’on vit pendant nos premières années reste gravé à jamais en nous, alors que notre mémoire directe des faits s’efface, c’est parce notre mémoire sensorielle conserve le «souvenir» d’émotions et de sensations anciennes dont nous ignorons l’origine. Un adolescent, par exemple, peut avoir une peur irraisonnée de l’hôpital parce que, tout petit, il y a subi une opération dont il perdu le souvenir conscient. (Pocket)

 

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