Lectures pour l'été 2016 - Poches - Polars et thrillers

aubenque aubenque2Alexis Aubenque, Ne crains pas la faucheuse et Tu ne manqueras à personne

A quelques mois d’intervalle, l’auteur de polars Alexis Aubenque a publié directement en format poche les deux premiers titres de sa nouvelle série intitulée «Une enquête à Pacific View». Cette petite cité balnéaire située au nord de Los Angeles est effectivement le théâtre des enquêtes que mènent en parallèle les flics locaux et les journalistes de l’antenne locale du San Francisco Chronicle, même si Gregory Davis peut être considéré comme le véritable personnage central de ces histoires. Ce policier veuf a quitté San Francisco avec son fils et sa fille pour s’enterrer dans ce «trou» afin de toucher «le gros lot», comme le dit ironiquement l’un de ses nouveaux collègues: Dans son testament, l’oncle de sa femme lui lègue en effet son manoir et sa fortune à condition qu’il s’engage dans la police locale. Il lui suffit de débarquer pour que cette ville plutôt calme soit confrontée à un crime des plus macabres: un corps atrocement mutilé a été retrouvé dans sa baignoire, accompagné d’un mot inscrit sur le miroir: «Ne crains pas la faucheuse». Cette enquête est l’occasion pour le nouveau lieutenant, associé à une femme sergent qui aurait pu (dû?) obtenir son poste, de découvrir son nouveau territoire. Pendant ce temps, une journaliste fait des recherches de son côté. Deux pistes qui conduiront vers la bonne société de Pacific View.

Rebelote avec Tu ne manqueras à personne. Ici, c’est une adolescente qui a été retrouvée morte dans les toilettes de son lycée. Les policiers apprennent rapidement que la victime, entraînée par un garçon qui disait l’aimer, avait été filmée nue. Et qu’à la suite de cela, elle a fait une tentative de suicide. Comme dans le premier épisode, nous suivons parallèlement les enquêtes policière et journalistique, ce qui ne va pas sans heurts. Au-delà de l’intrigue très bien ficelée, l’auteur accorde une grande importance aux rapports humains, pas toujours harmonieux, au sein des deux équipes. Ainsi qu’à la vie familiale du héros qui gère comme il peut son fils de dix-sept ans fasciné par l’argent et sa fille de huit, persuadée que sa mère n’est pas morte. (J’ai Lu)

 

ThilliezFrank Thilliez, Pandemia

Trois cygnes sauvages venus de l’Est sont retrouvés morts dans le parc du Marquenterre en Baie de Somme. Dans d’autres réserves européennes, les corps de plusieurs dizaines d’oiseaux migrateurs sont découverts sans vie. Tous sont passés par l’île Rügen, dans la mer Baltique, où les cadavres forment trois cercles concentriques. Le virus qui les a tués est inconnu. En charge du dossier, deux microbiologistes de l’Institut Pasteur de Paris, Amandine et Johan, reçoivent un virus semblable prélevé chez un humain atteint de la grippe. Mais ce virus ne correspond à aucun sous-groupe connu de cette maladie. Et bientôt, c’est un autre homme qui manifeste les mêmes symptômes. Leur point commun: ils ont tous deux pris le repas de midi, le même jour, au restaurant du Palais de Justice, bâtiment mitoyen du 36 quai des Orfèvres, les locaux de la Police judiciaire où travaillent Lucie Hennebelle et Sharko, les héros récurrents de Franck Thilliez. Ceux-ci vont mener une double enquête, dans les égouts de Paris et dans le Darknet, le monde souterrain d’Internet où tout est permis: la pédophilie, les trafics en tous genres, la commande de meurtres et autres déviances. Les scientifiques et les policiers vont se retrouver autour de mêmes questions: par qui et comment le virus a-t-il été introduit dans le restaurant? Et dans quel but? Le résultat est bluffant. Et particulièrement inquiétant car on s’aperçoit qu’il n’est finalement pas tellement compliqué, pour des individus animés d’intentions criminelles, de répandre une pandémie. Même dans les pays industrialisés où le système de protection sanitaire est performant. Et si les microbes étaient mortels, cela provoquerait une hécatombe mondiale. (Pocket)

 

IznerClaude Izner, Le Pas du renard

Pendant une bonne décennie, sous le nom de plume de Claude Izner, Liliane Korb et Laurence Lefèvre ont imaginé douze enquêtes de Victor Legris s’échelonnant de 1889 à 1900. Sautant par-dessus la Première Guerre mondiale, les deux sœurs lancent une nouvelle série dont Le pas du renard est le premier épisode. Si le héros est une nouvelle fois un enquêteur amateur, au libraire des précédentes aventures se substitue un talentueux pianiste américain de 25 ans. Jeremy Nelson a franchi l’océan pour tenter de retrouver la piste de son père qui a quitté sa femme lorsqu’il avait quatre ans. Avec comme seules pistes, enfouies dans le sac retrouvé suite au décès de sa mère, deux photos portant un texte au verso, une courte lettre et trois adresses. Grâce à la caissière d’un cinéma de quartier, le Rodéo, il se fait engager au Mi-Ka-Do, un cabaret tenu par une sexagénaire alerte qui loge les artistes qui s’y produisent. Mais à peine Jeremy est-il assis devant son piano que des morts et accidents s’accumulent. Lui-même est agressé et retrouve des lettres de menaces dans ses poches. Un même fait divers semble relier ces événements: le mystérieux incendie, trois ans auparavant, de l’immeuble à la place duquel a été construit le Rodéo.

Le pas du renard est rythmé par de nombreux morceaux de jazz ou de fox-trot, des chansons de Mistinguett ou de Maurice Chevalier. Et jalonné des films de Charlot, Douglas Fairbanks  ou Cecil B. DeMille qui triomphent alors sur les écrans. On retrouve aussi avec gourmandise le goût des auteurs pour la reconstitution historique et sociologique de l’époque: ses habitudes, ses lieux, ses modes vestimentaires et, bien sûr, son langage. Et, surprise!, au cours de cette enquête il est question des héros de la série précédente, le trio Victor Legris, Kenji Mori et Joseph Pignot et leur librairie de la rue des Saints-Pères, Elzévir. Ainsi que de la femme de Victor, Tasha Kherson, qui fut l’amie de Doucia Nelson, la mère de Jeremy. C’est donc sur leurs traces que va partir le jeune Américain dans le prochain épisode. (10/18)

 

ManzorRené Manzor, Celui dont le nom n’est plus

«Puissent ces sacrifices apaiser l’âme de Celui dont le Nom n’est plus.» Cette phrase écrite en lettres de sang figure à côté de cadavres éviscérés. A chaque fois, le coupable, confondu, aimait beaucoup la victime, comme s’il avait agi dans un état second. Tout cela dépasse un peu l’inspecteur McKanne de Scotland Yard heureusement secondé par un criminologue du FBI spécialiste de ce type de meurtres rituels. Avec ce deuxième thriller après le troublant Les Ames rivales, er récompensé par le proc du Polar au Festival de Cognac en 2014, René Manzor confirme qu’il existe une génération de romanciers français passés maîtres dans l’art de tenir à la gorge le lecteur pour ne le lâcher qu’une fois le livre refermé. (Pocket)

 

 

RufinJean-Christophe Rufin, Les enquêtes de Providence

Ce volume regroupe les deux thrillers de Jean-Christophe Rufin. Dans Le Parfum d’Adam, c’est une forme de terrorisme planétaire sur fond d’écologie radicale – la nostalgie d’un monde où l’homme vivait en équilibre avec la nature sans avoir davantage de valeur qu’une algue – qu’il met en scène à travers une série de personnages convaincus que la survie de la planète passe la maîtrise de la «prolifération humaine». Enquêtant sur le saccage d’un laboratoire polonais, où la libération des cobayes animaux pourrait masquer le vol d’une souche de choléra, un médecin et une psychologue vont devoir mener une course contre le temps afin d’empêcher la réalisation d’un projet monstrueux. Un thriller qui fait froid dans le dos, tout comme Katiba, dont l’héroïne, Jasmine, est une employée au Ministère des Affaires étrangères. Elle se retrouve au centre d’une intrigue extrêmement bien documentée et construite dont le point de départ est le meurtre dans la Sahara de quatre touristes français par al-Qaida au Maghreb islamique. Qui pourrait bien vouloir frapper la France. (Folio)

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