Lectures pour l'été 2016 - Poches - Polars et thrillers

 

ThiéryDanielle Thiéry, Échanges

L’héroïne de ce polar est la commissaire Edwige Marion, l’héroïne récurrente de Danielle Thiéry qui avait cru bon de la faire mourir il y a deux épisodes, lasse de la trimbaler. Mauvaise idée, ce fut la bronca chez les lecteurs. La romancière, elle-même ancienne commissaire divisionnaire, a donc dû la réintégrer: elle n’était que blessée. Vissée à son bureau –elle est trop faible pour retourner sur le terrain –, en proie à des hallucinations qui lui permettent de prévoir des choses à venir, la jeune femme tue le temps en farfouillant dans des affaires non résolues. L’une d’elles, concernant une disparition d’enfant survenue quelques années auparavant, retient son attention: un nom ne lui est en effet pas inconnu puisqu’il fut au centre d’un meurtre sur lequel elle a enquêté vingt ans auparavant, lorsqu’elle travaillait à Lyon. Au même moment, un autre enfant disparaît près de Paris et une nouvelle affaire non élucidée refait bientôt surface. Bravant sa hiérarchie, la têtue Edwige reprend discrètement du service. Tout en fréquentant (ou croyant fréquenter) un club échangiste. C’est rudement bien fait, extrêmement intelligent, formidablement documenté. (J’ai lu)

 

LackbergCamilla Läckberg, Le gardien du phare

Depuis La Princesse des glaces paru en français en 2008, Camilla Läckberg raconte dans ses polars, en plus d’intrigues finement ciselées, la vie familiale de ses deux héros, Patrik et Erica Falck, désormais parents de trois enfants, dont des jumeaux en bas âge. Le gardien du phare s’ouvre sur un drame: Erica et sa sœur ont été gravement blessées dans un accident de voiture qui a coûté la vie au bébé que portait Anna. Qui, inconsolable, refuse désormais d’adresser la parole à son compagnon et ex-futur père. Mais les deux policiers ont peu de temps à consacrer à ces problèmes familiaux: après avoir été victime d’une agression à Stockholm, un homme récemment revenu à Fjällbacka, sa ville natale située sur la côte ouest du pays, est retrouvé mort dans son appartement. Or, en tant que directeur financier de la commune, il s’interrogeait sur le financement du centre thermal dernier cri que s’apprête à inaugurer la mairie. Et, d’autre part, il était l’amoureux d’adolescence de la jeune femme qui vient de se réinstaller avec son jeune fils sur l’îlot où est érigé le phare. L’enquête va mener le couple du côté d'une association qui recueille les femmes battues et auprès de groupes violents, tout en les plongeant dans des affaires de drogue. A ce suspense haletant aux rayonnements multiples, l’auteure de L’Oiseau de mauvais augure en ajoute un autre, tout aussi captivant: le désarroi d’une femme mariée en 1870 au gardien du phare qui, après l’avoir mise enceinte, ne lui adresse plus la parole, sinon pour la réprimander. (Traduit du suédois par Lena Grumbach, Babel noir)

 

NesboJo Nesbø, Du sang sur la glace

Le héros de ce polar n’est pas Harry Hole, personnage récurent chez l’auteur de Fantôme, mais Olav, un tueur à gages chargé d’abattre… la propre compagne de son commanditaire, un patron de la drogue d’Oslo (ville omniprésente dans l’œuvre de cet écrivain). Une jeune femme dotée d’un charme auquel il ne peut rester insensible. La toute bonne idée du livre est de faire d’Olav le narrateur. Et d’ainsi créer une forme d’empathie avec le lecteur, ce jeune homme s’avérant réfléchi, ambitieux (il veut écrire), gentil même, maladroit avec les femmes, aux antipodes donc du personnage qu’il est censé incarner. Cela crée un décalage sur lequel, non sans humour, joue Nesbo. (Traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, Folio Policier)

 

IndridasonArnaldur Indridason, Les nuits de Reykjavik

Après avoir écrit une douzaine d’enquêtes du commissaire Erlendur, Arnaldur Indridason, le plus célèbre auteur de polars islandais, revient sur les débuts de son héros dans Les nuits de Reykjavik. Né dans le nord de l’île mais très vite arrivé dans la capitale islandaise, celui qui reste marqué par la mort de son frère lorsqu’il était enfant, et dont il se sent coupable, est attaché aux patrouilles de nuit. Où il fait déjà preuve d’un tempérament indépendant et opiniâtre. Il refuse en effet d’accepter que la mort par noyade d’un SDF soit accidentelle. Et que l’on ne recherche plus la jeune femme qui s’est volatilisée une nuit en rentrant chez elle. Interrogeant les sans-abris qui ont croisé la victime ainsi que les proches de la disparue, il va bien sûr parvenir à relier ces deux enquêtes. Cette intrigue excellemment construite fait en outre découvrir au lecteur Reykjavik qui en est le décor. (Traduit de l’islandais par Eric Boury, Points)

 

ThoraninssonArni Thorarinsson, L’ombre des chats

Un double suicide par ordinateur, un bout de pénis offert dans un bocal comme cadeau de mariage à deux femmes, un homme violemment agressé à Reykjavik: le journaliste Einar, qui reçoit des SMS obscènes bourrés de fautes d’orthographe, voudrait comprendre le pourquoi de tout cela. Tout en enquêtant dans les milieux de la politique. Sur fond de crise bancaire et de ses conséquences sur le citoyen, Ari Thorarinsson, le plus célèbre auteur de polar islandais avec Arnaldur Indrisadon, donne à lire un roman noir extrêmement actuel, porte ouverte sur un pays que l’on ne cesse de découvrir grâce à sa littérature. (Traduit de l’islandais par Eric Boury, Points)

 

LeonDonna Leon, L’inconnu du Grand Canal

Dans le paysage du roman policier actuel, le commissaire à la questure de Venise Guido Brunetti fait figure d’exception. Il n’est ni dépressif, ni alcoolique, ni solitaire, ni divorcé, ni en conflit avec sa fille. Il a une vie sentimentale, intellectuelle, culturelle et professionnelle saine, il aime sa femme et ses deux enfants, il mange bien, dort bien. Il lit Tacite et Cicéron. Et il boit un peu car les Italiens aiment boire. Dans sa vie privée, il est donc heureux, ce qui compense sa vie professionnelle parfois terrifiante. Car, par sa profession, il est confronté à une humanité différente, celle des marges, de l’illégalité, de la noirceur. Au début de cette nouvelle enquête, un homme est repêché avec trois coups de couteau dans le dos. Ce qui frappe d’emblée Brunetti, c’est son cou. Ou plus exactement son absence de cou, une colonne de chair descendant d’un bloc des oreilles aux épaules. L’individu est atteint d’une maladie très rare dite de Madelung. C’est ce profil hors normes qui va lui permettre de retrouver sa trace. Ainsi que celle de sa femme, dont il s’était récemment séparé. Mais surtout de l’abattoir où ce vétérinaire travaillait deux jours par semaine. Persévérant, le commissaire va mettre au jour des pratiques d’autant plus condamnables que dangereuses pour la santé. (Traduit de l’américain par William Olivier Desmond, Points).

 

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