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Fonds Nagelmackers : Plongée dans l'univers cinématographique des années 1960-2000

Fonds Nagelmackers : Plongée dans l'univers cinématographique des années 1960-2000

on achève bien les chevauxL’été ne sera pas propice qu’aux blockbusters : les Collections artistiques de l’ULg ont elles aussi décidé de mettre le cinéma en avant via l’exposition « Les Collections artistiques font leur cinéma. Affiches du fonds Alain Nagelmackers », issue d’un fonds récemment acquis. L’occasion de (re)découvrir toute la richesse d’un art insoupçonné : le marketing cinémato-graphique.

« Alain Nagelmackers est un particulier, collectionneur d’affiches, qui nous a demandé de faire l’inventaire de ce qu’il possédait » explique Jean Housen, conservateur du Musée en plein air du Sart Tilman et membre d’Art&fact. « En échange, il nous a offert une quantité importante de doubles. Ce don est une première dans le sens où les collections de l’Université ne possédaient pas encore d'affiches de cinéma ».

 

Un fonds de plus de 2000 œuvres

Immense, le fonds l’est assurément : au total, ce sont plus de 2000 affiches anciennes (françaises et belges non-bilingues) que les Collections artistiques ont reçues. « Cela va des années 60 aux années 90, une période où les affiches de cinéma jouaient un vrai rôle dans la promotion des films » ajoute Jean Housen. Il est vrai qu’à l’heure du multimédia, les affiches ont abandonné la place publique pour se retrouver confinées, le plus souvent, aux devantures et murs des cinémas, à l’exception de quelques abribus. « Nous possédons trois formats dans notre fonds : des 160x120, des 80x60 et des 60x40, qui étaient des affiches que l'on collait partout en ville autrefois » poursuit Jean Housen.

Mais que contient le fonds exactement ? « Des choses très différentes, cela va des magnifiques  affiches comme celles du Parrain ou de César et Rosalie à des super nanars, des films qui n'ont pas fait date dans l’histoire du cinéma mais qui possèdent des affiches merveilleuses au niveau graphique » explique Jean Housen. Il poursuit : « Les affiches que nous avons reçues reflètent réellement une époque majeure pour le martketing graphique des films, le moment où la création d’affiches s’industrialise, exploite les innovations comme la photo, l’ordinateur… »

 

Une plus-value pour l’Université

Bien que confiné à un public niche, le marché de l'affiche de cinéma est bien plus important qu’il n’y paraît. Un simple et rapide tour sur quelques sites spécialisés (présents en grande quantité sur le web) suffit par ailleurs pour remarquer à la fois l’intérêt des collectionneurs et, surtout, les prix parfois exhorbitants de pièces affiches de collection. « Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que l’affiche de film est presque un art en soi, une œuvre à part entière » commente Jean Housen. « Nous possédons par ailleurs quelques grands noms de la profession, plébiscités par leurs pairs : Leo Kouper, Jacques Landi, Clément Hurel, des gens qui ont toujours été un peu en quête d’une reconnaissance artistique. Le fonds est hétéroclite : il n'y a pas d'œuvre complète d'un artiste ou d'un studio, mais c'est un point de départ intéressant pour avoir une image de ce qu'était l'affiche à son âge d'or. C’est une plus-value pour les Collections artistiques. Les chercheurs pourront les consulter sous format numérique, pouvant zoomer sur le moindre détail, sans craindre de détériorer l’œuvre originale ».

JamesBond Hiroshima Duel

 

Une exposition « interactive »

parrainS’il n’était hélas pas possible d’exposer l’ensemble du fonds, hors de question de ne pas valoriser la beauté de ce dernier pour autant. « Nous avons fait appel à un scénographe et avons réfléchi à une manière de présenter de manière attractive ces affiches » confirme Jean Housen. C’est ainsi que Nicolas Wolkenar, dont c’est la deuxième collaboration avec la Galerie Wittert, s’est retrouvé sur le projet. « J’avoue que c’était  nouveau pour moi » confie-t-il, « il s’agissait de travailler sur des images désuètes car les jeunes visiteurs n’ont pas la même approche des affiches que les gens de ma génération. Il fallait penser et travailler ces affiches comme ce qu’elles ont pu être : des images iconiques. »

ScarfaceLe choix des affiches exposées ne fut pas des plus simple. « Jean Housen, Emmanuelle Grosjean, Édith Micha et moi-même avons opéré une série de sélections, jusqu’à arriver à 17 pièces qui nous semblent les plus emblématiques par rapport à la question de l’imagerie. » Une réflexion poursuivie dans la scénographie de Nicolas Wolkenar. « La dialectique entre le lieu d’exposition et son contenu me semble incontournable ; c’est de cette façon que j’ai voulu exploiter chaque particularité de l’espace d’exposition pour valoriser les affiches, créer un jeu entre le lieu, les affiches et les visiteurs. Il y a tout un jeu sur les sources de lumière par exemple… Ainsi que deux rétroprojections particulières ». À noter que l’exposition sera accompagnée d’un catalogue.

 

BanditsLes Collections artistiques de l’ULg

Reconnues comme musée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, les Collections artistiques de l’ULg, établies à la Galerie Wittert, « ont pour mission la conservation et la mise en valeur de l'ensemble du patrimoine artistique de l'Université de Liège » explique Édith Micha, responsable du musée.
 Les collections se caractérisent par leur richesse et leur diversité : estampes, dessins, photographies, tableaux, sculptures, objets africains, monnaies et médailles se côtoient pour former un ensemble estimé à plus de 60 000 œuvres. Le fonds d’art graphique, issu notamment du legs qu’Adrien Wittert fit en 1903 à l’Université, constitue le noyau dur des collections : Schongauer, Dürer, Cranach, Bruegel, Rembrandt ou Rops sont autant d’artistes de renom dont le musée conserve de nombreuses planches. À ceux-ci s’ajoutent Ensor, Rassenfosse ou encore Privat-Livemont dont les créations ont été acquises ultérieurement.

« Outre les expositions que nous organisons à l’ULg ou à l’extérieur, nous accueillons de nombreux commissaires d’expositions, chercheurs et étudiants. » ajoute Édith Micha. Si le site Internet donne déjà un aperçu de la richesse de ces collections, l’objectif est la mise en ligne de l’inventaire et des numérisations. « Nous travaillons activement sur plusieurs fronts pour offrir au visiteur au printemps 2017, dans le cadre du bicentenaire de l’ULg, un musée totalement revu. » poursuit Édith Micha.

 

 

 Bastien Martin
Juin 2016

 

 

 crayongris2Bastien Martin est journaliste indépendant, diplômé en Cinéma de l'ULg. Il est assistant de production chez Dérives asbl. Ses recherches doctorales portent sur le cinéma d'animation belge.

 


 

 

L’exposition sera présentée du 10 juin au 10 septembre à la Galerie Wittert - Place du 20-Août, 7  (entrée par la cour centrale)
(accès libre, du lundi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 16h, le samedi de 10h à 13h; fermeture le 21 juillet et le 15 août).

Une seconde exposition aura également lieu à la Salle d'exposition du  Musée en Plein Air du Sart Tilman de juillet à septembre.

Plus d’infos : http://www.wittert.ulg.ac.be/ - https://www.facebook.com/wittertulg/?fref=ts


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