Kitaro le repoussant narre les aventures d’un étrange garçon borgne, né du cadavre de sa mère lors d’une nuit d’orage. Ce héros au physique disgracieux est le descendant d’une tribu de morts-vivants appartenant aux dénommés yokai, ces divinités ou esprits qui peuplent l’imaginaire et le folklore nippon. Rejeté par le monde des humains, mais toujours accompagné par un « vestige » de son père, à savoir un simple globe oculaire doté de bras et de jambes, Kitaro s’occupe de résoudre les différends entre les hommes et les yokai pour converser l’équilibre fragile, mais fondamental de nos deux mondes. Au premier abord, ces histoires peuvent sembler un poil macabre. Toutefois, elles permettent d’explorer l’essence même de l’humanité à travers le regard des monstres, car en vérité nul n’est jamais à l’abri des aléas de l’existence.

Loin de sombrer dans une noirceur des plus profondes, Kitaro nous emmène dans un univers fantastique, certes composé en noir et blanc, mais doté de protagonistes hauts en couleur. L’auteur ne lésine ni sur l’humour ni sur les situations cocasses et loufoques, sans pour autant occulter la teneur philosophique de ses propos. Kitaro le repoussant est également le titre phare de Shigeru Mizuki, un monument de la bande dessinée japonaise, qui nous a malheureusement quittés en novembre 2015. L’auteur avait remis au goût du jour tout un panthéon d’esprits, de dieux, de monstres nippons grâce à son œuvre monumentale, aussi atypique qu’incontournable.

Kwan-Yu Lam

Lectures pour l'été 2016
BD et romans graphiques
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