MIXED ZONE, Chronique de littérature internationale - 9 - Migration

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Il ne se passe pas un jour sans que nous soyons confrontés au sort de ceux qui doivent quitter leur terre natale et chercher refuge dans des pays lointains. C’est cette actualité qui nous a amenés à consacrer cette 9e édition de MIXED ZONE à la thématique de la migration, avec un spot sur la Belgique comme pays d’accueil. Luciano Curreri nous rappelle le 70e anniversaire de l’Accord du Charbon entre l’Italie et la Belgique et en profite pour retracer l’historique de quelques initiatives culturelles italiennes en Belgique et pour nous faire redécouvrir Raul Rossetti, auteur émigré en Belgique dans les années cinquante, dont le récit autobiographique Schiene di vetro, récemment paru en traduction française, parvient à capturer l’oralité multilingue du monde des mineurs italiens de l’époque. Cecilia Raziano nous emmène dans les années soixante et septante, époque d’une forte migration de travail de l’Espagne vers la Belgique, plus particulièrement vers Charleroi. Elle nous explique comment les Andalous ont réussi à maintenir les liens avec leur pays natal en pratiquant le chant traditionnel flamenco et en l’adaptant aux nouvelles conditions de vie en Belgique. Cet article est complété par un entretien d’Álvaro Ceballos Viro avec le dessinateur, écrivain et musicien liégeois José Parrondo, fils issu de la migration par amour d’une mère « vraiment madrilène » et d’un père flamand. Fanny Nsita s’est penchée sur la nouvelle Tot het verschil over sterrenstelsels gaat de Rebekka de Wit. La jeune écrivaine flamande y raconte l’expérience d’une protagoniste sans nom qui, arrivée à Anvers en tant que réfugiée, se retrouve dans une situation d’invisibilité et de non-appartenance, dont la technique narrative très élaborée de ce récit est le reflet. Giulia Mascoli et Malica S. Willie nous présentent la traduction récemment parue d’une nouvelle de l’auteur caribéen Garth St Omer. Le protagoniste de ce récit, un psychiatre venant d’une île caribéenne, après avoir appris le décès d’un ami, se met à retravailler son parcours de migrant, qui l’a mené d’abord en Angleterre, puis aux États-Unis. Le titre du récit, Prisnms, fait référence à la situation spécifique de ce sujet caribéen post-colonial : un être fragile et transparent comme un prisme qui reste emprisonné à jamais dans ses multiples états de transition. Vera Viehöver a lu pour nous Das Mädchen mit dem Fingerhut de l’Autrichien Michael Köhlmeier. S'il apparaît de prime abord comme un autre récit de migration, ce texte s’inscrit plutôt dans la tradition des légendes autour des enfants abandonnés ou sauvages. Yiza, la jeune protagoniste de ce récit oscillant entre fantastique et réaliste, est l’un de ces enfants «migrateurs» de l’Europe contemporaine qui vivent une vie en marge de notre société et qui pourtant sont à son centre.

 

 

Dossier coordonné par Luciano Curreri et Vera Viehöver
Mai 2016