«La traversée des habitudes» est le titre du premier groupe de poèmes de ce recueil, suivi par «Les sentiments nouveaux», «Amours bâtardes», «Demain est mon maître» et «Du bon usage des larmes», autant de titres de chapitres accompagnés des calligraphies chinoises de Van Oai Truong.

Karel Logist s’inscrit dans sa réalité quotidienne transfigurée par les mots qui s’en détachent et semblent l’observer du dehors. Un ami «dont les cils ont blanchi» croisé sur la Batte, un jeune homme à vélomoteur doublant «un interminable cortège funèbre», un «prêcheur» rencontré parmi un flot de voyageurs, un étudiant qui lit Debord «au bord de l’eau»... Toujours le poète est là, parfois derrière un «je» discret, arrimant ses vers libres à son propre vécu. Ailleurs il se révèle plus réflexif. «Tenir la chambre / écrire mes poèmes / sur le temps qui n’est plus / sur l’inconfort d’aimer», semble s’adresser à lui-même, l’occasion d’un bilan, d’un regard en arrière, «Es-tu redevenu ce garçon ignorant / des pièges de l’amour / plus attentif aux mots qu’au murmure des sens».

Le rythme chantant du sonnet s’adapte sensuellement à la douce mélancolie de cette poésie où s’entrechoquent aujourd’hui, hier et demain, où au bonheur d’être là – «Je m’éveille et je m’émerveille / que tu t’abrites dans ma vie» - succède l’acceptation des échecs – «C’en est fini de nous, de notre calme idylle / nous ne savions plus trop quels caps étaient possibles». Toujours, rendant compte de ses propres expériences, tantôt heureuses, tantôt douloureuses, le poète s’adresse intimement au lecteur qui s’y retrouve, qui revit intérieurement des moments identiques, un sourire aux lèvres ou un voile de tristesse devant les yeux.

Sorties de presse des ULgistes - Printemps 2016
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