Familier d’univers fantastiques, tant physiques que psychologiques (Troublerêve, Alcie), Christophe Kauffman imagine avec Les Modifiés un futur apocalyptique. Dans les années 2030, Régeurobe, qui regroupe des régions indépendantes de Wallonie dont le chef-lieu est Namur, a privatisé l’ensemble des biens de première nécessité tout en multipliant les dépenses somptuaires qui l’ont ruiné. Les prix ont considérablement augmenté, tout comme le chômage, entraînant de nombreuses révoltes et manifestations ainsi que le repli des villes sur elles-mêmes protégées par des barrières monétaires. Même l’argent a fini par disparaître, remplacé par un système de cartes. En 2041, faute d’être payée, la société Transélec a coupé l’électricité générale, plongeant ainsi l’ensemble du territoire dans le noir total. Ce grand Black-Out a déclenché une guerre civile extrêmement meurtrière, ne laissant saufs que quelques groupes humains épars : les Klassems qui, retranchés sous terre, dans l’Iglégout, survivent en effectuant des raids nocturnes, les Esdef qui parcourent inlassablement les routes sans savoir vers où ni pourquoi, ou les Zaers qui vivent en grappes dans des abris de fortune. Tous redoutent autant les milices gouvernementales (les Gouvs) que les terroristes (les Explosés). Quant aux Modifiés du titre, ce sont des êtres monstrueusement déformés (obésité, hypertrophie, cancers, etc.) par la nourriture industrielle gavée d’OGM.

Les chemins de deux Klassems, Misha, issu de la deuxième génération, et MartialOk, son aîné qui lui apprend comment c’était avant, vont croiser ceux d’Anna, une Esdef adolescente protégée par un vieillard, Swerus, et qui tient son journal. Autour d’eux, Christophe Kauffman construit un monde d’autant plus terrifiant qu’il ressemble à une possible projection du nôtre. Les Modifiés, qui peut être lu avec profit même par ceux que la littérature d’anticipation n’attire pas a priori, apparaît ainsi comme une inquiétante mise en garde.

Sorties de presse des ULgistes - Printemps 2016
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