Dans un pays en guerre, la Cadea, fédération de peuples qui ont longtemps vécu ensemble pacifiquement, Victor, 20 ans, occupe «une fonction sans valeur ajoutée» : il veille au contrôle du transport des marchandises entre les différentes régions, sans avoir jamais besoin d’intervenir. Solitaire, il sait n’être qu’«une identité anonyme», «une unité statistique» tout à fait négligeable au sein de cette société dirigiste extrêmement robotisée, Par exemple, personne n’a de cuisine, une nourriture de mauvaise qualité fabriquée par une société privée est livrée à domicile par des drones. Il doit donc marcher droit et respecter les itinéraires qui lui sont autorisés entre son domicile et son travail. Face au risque recrudescent d’attentats, des barrages militaires ont germé un peu partout. Car face à ce pouvoir totalitaire est impitoyable, des résistances commencent à s’organiser.

Aux yeux des autorités, Victor est un déviant. Il possède en effet un loisir hérité de son père, la fabrication de marionnettes, ce qui nécessite du bois, de la corde et du tissu qu’il va ramasser en cachette ou achète aussi discrètement que possible. Et comme toute activité émanant de l’imagination ou de la créativité humaine est farouchement interdite, il vit la peur au ventre. D’autant plus que ses marionnettes sont capables de s’animer, d’accueillir les âmes de vivants, et donc de les manipuler. Sauf une, Cassandre, la première qu’il a fabriquée enfant. Jusqu’au jour où elle se met à parler par la voix de la reine légendaire d’un pays où tout le monde est heureux, l’invitant à la rejoindre.

Sur ce point de départ, Philippe Lecrenier a construit un roman subtil et prenant qui entraîne son héros dans un périple riche en rencontres et en découvertes, mais également en désillusions et en dangers, la guerre n’étant jamais loin. Au cœur de l’arène est une puissante et cohérente fable sur l’asservissement et le totalitarisme.

Ce roman s’inscrit dans un projet artistique plus large conçu par le groupe pop-rock-folk liégeois Lieutenant, dont fait partie Philippe Lecrenier, à côté d’un disque qui porte le même titre ainsi que d’une exposition de peintures présentée en novembre dernier à la Cité Miroir.

Sorties de presse des ULgistes - Printemps 2016
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