Jules Boulard, Les naufragés de l’orage

BoulardD’un après-guerre à l’autre. Jean Marcellin, le héros de L’argile et la craie, le précédent roman de Jules Boulard paru en 2011, est un jeune instituteur de 25 ans revenu de la Grande Guerre avec une jambe invalide et confronté au poids des traditions et à la toute-puissance de l’Église dans le village ardennais de Jeanvilliers où il a été nommé. Celui des Naufragés de l’orage, André Jamet, est l’un de ses anciens élèves de retour au village après cinq ans de stalag. Il retrouve son père, toujours aussi économe de ses paroles, sa mère, sa sœur dont le mari, résistant, a été fusillé. Ainsi qu’une exploitation agricole en piètre état, faute d’argent, de bras et d’un cheval pour les labours, le seul qui leur reste ayant échappé aux réquisitions allemandes. Pendant la guerre, il a bien été fait appel à un voisin, mais à quel prix ! Avant de s’engager, André avait pensé entrer au séminaire. Aujourd’hui, vu l’état de la ferme familiale, il n’en est plus très sûr. Il va au contraire réapprendre ces gestes dont il s’était détourné pour suivre des études, aidé par Émile, un réfugié qui travaille dans une ferme des environs. Mais il sent bien que les villageois taisent un secret peu glorieux.

Jules Boulard a trouvé le ton juste pour raconter le difficile retour de ces «naufragés de l’orage» que parfois l’on n’attendait plus, que l’on écoute d’une oreille distraite, quand on les écoute. Il cerne parfaitement le mal-être de son héros encore amplifié par la conviction qu’on lui cache certaines choses. Et, bien sûr, il s’attache à longuement décrire le monde rural, tant la vie aux champs avec ses gestes et traditions que ce «mutisme en points de suspension» qui le caractérise bien souvent.

Jules Boulard, Les naufragés de l’orage (Éditions Weyrich)
 
 

Sorties de presse des ULgistes - Printemps 2016
<< précédent – Romans, récits et nouvelles  suivant >>