Philippe Lambert, Le Collectionneur de soupirs

LambertIl n’est pas rare qu’un roman s’inscrive dans l’ombre d’un film, d’un tableau ou d’un autre livre. C’est Un singe en hiver, le classique d’Henri Verneuil adapté du roman d’Antoine Blondin et interprété par d’immortels Gabin et Belmondo qui hante Le Collectionneur de soupirs, le premier roman de Philippe Lambert. Le narrateur, un universitaire belge enseignant la psychologie, mène une vie de plus en plus instable depuis que Maud, une «masseuse» à laquelle il s’était attachée, et qu’il avait prétendu libérer de ses chaînes en lui offrant une enveloppe remplie… de faux billets de Monopoly, refuse de le revoir. Depuis, il la recherche inlassablement, symboliquement dans la fréquentation d’autres prostituées, réellement en stationnant pendant des heures devant le centre de massage où elle officie. Et puis un jour elle disparaît, en même temps que l’un de ses clients réguliers, un producteur de cinéma.

D’une écriture délicate, ce Collectionneur de soupirs constitue une belle entrée romanesque pour le journaliste scientifique liégeois, déjà signataire d’un essai, Pilotes de Formule 1 – L’épreuve des hommes, et coauteur de livres sur l’intelligence de l’enfant ou sur la morale. Dans sa quête effrénée, jalonnée de références à la course automobile et à ses héros, le narrateur – que l’on hésite à trouver sympathique sans pour autant totalement l’accabler – ne cesse de revivre le film d’Henri Verneuil, ressassant ses répliques cultes, devenant tantôt Albert Quentin, le patron de l’hôtel qui vit dans la nostalgie des années de jeunesse passées sur le Yang-Tseu-Kiang, tantôt Gabriel Fouquet, venu chercher sa fille Marie. L’imbrication des deux histoires est très réussie, ne laisse jamais la couture apparente.

Philippe Lambert, Le Collectionneur de soupirs (Weyrich/Plumes du Coq)
 

Sorties de presse des ULgistes - Printemps 2016
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