Un son... cosmique. Musique et astronomie

Les astronomes

Pour terminer, n’oublions pas les morceaux en relation avec les astronomes eux-mêmes. De nombreux exemples dans ce domaine sont des commandes liées à des anniversaires : 500e de Copernic (Leo Smit, Henryk Górecki ecouter), 350e de Kepler (Gunter Bergmann), 100e de James Jeans (Robert Simpson)…

GlassIl existe cependant un champion dans cette catégorie : Philip Glass. Ce compositeur est considéré comme une figure majeure du classique contemporain, en particulier pour ses opéras. Plusieurs de ses œuvres font références à la science et ce n’est pas étonnant : enfant, Glass s’imaginait devenir scientifique. Les grandes figures aux intuitions géniales l’intéressent particulièrement. Il consacra donc trois opéras à Einstein, Galilée et Kepler. Premier de la série, l’opéra Einstein on the beach (1976) fit du bruit – les spectateurs de cet opus de cinq longues heures de mouvements répétés (Glass est connu pour sa musique minimaliste) criant soit au génie soit au scandale. Ce dynamitage en règle des codes de l’opéra assura la renommée de son auteur… Mais si ces œuvres n’ont pas d’intrigue, de narration classique, l’intérêt est ailleurs – un respect des faits : «I’ve never felt that "reality" was well served in an opera house. And I think this is even more true when the subject of the opera is based on historical events». L’opéra Galilée (2001) est inspiré des lettres entre le savant et sa famille (notamment sa fille Marie Céleste). MadisonOperaIl commence par un Galilée âgé se souvenant d’épisodes ayant marqué sa vie, et se termine sur l’enfant écoutant une œuvre de Vincenzo Galilei, son père-pionnier de l’opéra, consacrée à l’harmonie des sphères qui l’intéressait tant…

Représentation de Galileo Galilei
au Madison Opera (2012)

 

kepler.De son côté, le premier acte de l’opéra Kepler  ecouter(2009) se penche sur les questions que se posait le savant – et les discute, tandis que le second se consacre à l’homme, sous ses multiples facettes (astrologie, science,…). Glass écrivit aussi un opéra consacré au Voyage, qui commence par un pseudo-Hawking chantant l’harmonie des sphères avec une voix digitalisée… Il faut dire que Glass avait écrit la musique du documentaire A brief history of time (1991), et que le savant l’avait marqué car, alors qu’il est immobile, cloué dans sa chaise, il faisait pourtant le plus grand des voyages… en esprit ! Après ce prologue particulier, le Voyage alterne l’histoire de Christophe Colomb et celle d’un vaisseau spatial futuriste… L’espace n’est jamais loin ! Mais ce n’est pas tout. Glass consacra aussi un morceau, The Light ecouter, à la célèbre mesure de la vitesse de la lumière par Michelson et Morley (la vibration lumineuse devenant des notes dansantes !). Il écrivit Orion ecouteren hommage à la constellation, mit également en musique le film IMAX consacré aux rovers martiens Spirit et Opportunity (Roving Mars) et un texte de Brian Greene sur les trous noirs et le temps dans Icarus at the edge of time ecouter. Impossible de le rater dans la sphère musico-astronomique ! Mais qui oserait le contredire quand il déclare « I believe there is no single experience in the world which tells us more than the vastness of space, and the innumerable heavenly bodies. And thus the stars form a bond between us all - regardless of country, nationality, regardless even of time. » ainsi que « Scientists and artists are high on my list of courageous men and women who have changed the world in which we live. »

L'appel des Sphères

Il existe enfin une dernière catégorie de musique « céleste », celle utilisant des données astronomiques. Le cas le plus connu concerne les variations périodiques. En effet, la luminosité de certaines étoiles variables est modulée selon une ou plusieurs fréquences tandis que les signaux envoyés par les pulsars, ces cadavres d’étoiles, se répètent régulièrement car ces objets se comportent comme des phares.

UlasIl existe plusieurs façons de transformer les fréquences observées des variations lumineuses en musique. Par exemple, on peut considérer que ces fréquences correspondent directement à des fréquences sonores, à un facteur multiplicatif près, car il faut que la note résultante soit audible par les humains. Si l’objet présente plusieurs fréquences, on se retrouve alors avec quelques « notes », dont l’amplitude relative est fixée à celle enregistrée pour le signal stellaire. Certains utilisent ensuite ces accords comme base pour composer un morceau.B. Ulas utilisa ainsi les pulsations de l'étoile Y Cam ecouter. Si l’on aime ce jeu, on peut s’amuser à créer un véritable orchestre « stellaire » en combinant les « notes » de différents objets….

D’un autre côté, si l’amplitude du signal mesuré change avec le temps, on se retrouve directement avec une mélodie céleste, comme pour les pulsations solaires transposées dans le régime audible10 et utilisées par Stephen Taylor pour Heart of the Sun ecouter.

 

Taylor

 


 

10 voir aussi les sons de base sur http://soi.stanford.edu/results/sounds.html et http://quake.stanford.edu/~sasha/SOUNDS/sounds.html

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