Marcel De Corte a enseigné la philosophie à l’Université de Liège durant quarante années (1935-1975).  Philosophe de métier, il mérite aussi le titre d’écrivain, car  il avait une plume très alerte et était habité par un besoin quasi incoercible d’écrire ; on a pu dire de lui qu’il écrivait comme il respirait. Aussi a-t-il laissé une œuvre particulièrement abondante : une vingtaine d’ouvrages et plus d’un millier d’articles, parmi lesquels on trouve, à côté d’écrits scientifiques, des articles de journaux ou de magazines, belges ou français, dont il fut un correspondant assidu. Mais il écrivait aussi pour lui-même, sans perspective de publication, et ses archives comprennent de nombreux inédits et des milliers d’écrits confiés à des cahiers ou à des carnets.

Il a enfin composé des poèmes, non édités. Parmi les livres qu’il a produits, on en compte deux qui ne relèvent pas de sa spécialité de philosophe : J’aime le Canada français, écrit au retour d’un séjour prolongé à l’Université Laval de Québec (1960) et, surtout, l’émouvant Deviens ce que tu es. Léon, notre fils, 1937-1955 (Paris-Bruxelles, Éditions universitaires, 1956, 127 p.). Écrit en collaboration avec Mme De Corte et préfacé par Gustave Thibon,  ce livre évoque avec pudeur le chemin de souffrance qui fut celui de ce jeune homme, frappé à la sortie de l’enfance par une funeste poliomyélite dont les suites lui ont été fatales, mais un chemin qui fut plus encore marqué par une joie rayonnante et par une plénitude intellectuelle, artistique et spirituelle qui émerveilla tous ceux qui ont pu l’approcher. Ce mémorial a connu de nombreuses réimpressions et a été distingué par un prix littéraire belge, celui des Scriptores catholici. Une lecture qui ne laisse pas indifférent, et c’est peu dire.

André Motte

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