Els Moors, Chants d’un cheval qui chavire. Traduit par Kim Andringa

MoorsCe recueil poétique, le deuxième d’Els Moors après Un ciel haut nous surplombe (2006), est, avec Le Slalom soft de Paul Bogaert (traduit par Daniel Cunin), l’un des deux volumes inaugurant chez Tetras Lyre la collection «De Flandre» consacrée à la publication de traductions de poésie néerlandophone. Il s’agit, pour la maison d’édition liégeoise, de forger «un pont de passage et de dialogues entre deux communautés associées dans un même État fédéral». Un «geste d’ouverture» qui entend miser sur la régularité et le long terme.

Un «je» féminin adresse ses confidences et impressions à elle-même, même lorsque s’impose un homme identifié par la deuxième personne du singulier. Avec un goût prononcé pour les images et les césures audacieuses («je suis quelque chose dans la rue : bloc de glace trace de pas / des champignons fusent de terre comme des coups de feu / une serveuse est enterrée dans son lit elle dit / c’est toujours soit l’insomnie soit on chiale de bonheur»). Audace aussi dans l’absence de ponctuation et dans une absolue liberté syntaxique qui offre au lecteur la liberté de s’immiscer entre les mots («le jour est nœud rose saumon qui sort d’un tube», «partie en hiver malade de la rouille sur les murs de Liège»). Profondément évocateurs, souvent mystérieux, ces vers ne cessent ainsi de renvoyer le lecteur à son propre imaginaire en réveillant chez lui des sensations enfouies, des émotions nichées dans cette partie de lui que seule la poésie peut atteindre. Chapeau à la traductrice, Kim Andringa, également celle des nouvelles d’A. Alberts (Îles), qui est parvenue à transposer avec finesse cette sensibilité sans jamais l’affadir ou la banaliser. (Tetras Lyre)

Sorties de presse des ULgistes - automne 2015
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